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Aujourd’hui les routes qui conduisent de l’Europe dans le Pacifique, et surtout à la côte nord-ouest de l’Amérique, sont longues et difficiles. Sept principales sont habituellement suivies : la première consiste à s’embarquer à Londres ou à Liverpool sur un bâtiment qui traverse l’Atlantique et double le cap Horn. Il ne faut, pour l’accomplir, guère moins de cinq mois. Vient ensuite le passage par Panama ; un steamer conduit le voyageur de New-York à Aspinwall ; on sait qu’un chemin de fer livré en partie à la circulation en 1852 et terminé en 1855, avec des travaux et des frais considérables, traverse aujourd’hui l’isthme de Panama en quelques heures. De Panama, un trajet de quatorze jours mène à San-Francisco, d’où l’on peut gagner les points plus septentrionaux de la côte ; les steamers américains accomplissent le passage de San-Francisco à Esquimalt, à Victoria de Vancouver, en quatre ou cinq jours. Une troisième route entre les deux Amériques conduit au nord de celle de Panama par le fleuve San-Juan et le lac de Nicaragua, où un service régulier et assez prompt a été organisé en attendant que les compagnies françaises ou américaines coupent l’isthme à cet endroit, comme elles se le sont proposé.

Telles sont les routes maritimes. Il y en a quatre autres, dites terrestres, overland, coupant la partie septentrionale du continent américain dans sa grande largeur : d’abord la plus fréquentée de toutes, la grande voie de Saint-Louis et de Memphis, de El-Paso à San-Francisco. Le trajet est de vingt-deux jours, très régulier, bien organisé, avec deux départs par semaine, durant la saison des voyages. Il coûte 20 livres, plus 5 livres pour les repas. Des stations militaires ont été établies tout le long de la route ; chacune d’elles a une garnison de vingt-cinq hommes. La seconde route est celle de San-Antonio à San-Diego par El-Paso ; elle est desservie par une malle hebdomadaire. La troisième route, monotone et peu fréquentée, consiste en un service mensuel par le Kansas et Stockton ; la dernière va à San-Francisco de San-Joseph et de Placerville par la cité du Lac-Salé. C’est la route qui communique le plus directement avec l’Orégon et le territoire de Washington ; elle est hebdomadaire, et a été suivie dans ces dernières années par un grand nombre d’émigrans qui se dirigeaient sur la Californie. À ces quatre grandes voies, qui mettent le Mississipi en communication avec la côte occidentale, le gouvernement des États-Unis accorde des subsides annuels : à la première 600,000 livres, à la seconde 200,000, à la troisième 80,000, à la dernière 320,000.

À ces voies l’Angleterre a l’intention d’en ajouter une nouvelle pour relier ses colonies américaines de l’Atlantique à celles du Pacifique. Les brigades de la compagnie de la baie d’Hudson suivent