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Dans presque toutes les forêts domaniales de l’Allemagne, la chasse est exploitée en régie. Ce sont les agens forestiers qui en sont chargés et qui vendent en bloc à des entrepreneurs tout le gibier tué. Ils adressent chaque année à l’administration centrale un état dans lequel figurent d’une part le compte aussi exact que possible des animaux existant dans les forêts soumises à leur gestion et ce qui pourra en être tué dans le courant de l’année, d’autre part les recettes provenant des ventes et le détail des dépenses qu’occasionnera le service. Ces dépenses comprennent le paiement des piqueurs, la nourriture du gibier, l’achat et l’entretien des chiens, les instrumens et appareils de chasse, les frais de transport des animaux tués jusqu’aux maisons forestières, où l’entrepreneur est tenu de venir les prendre, etc. D’après un état que nous avons eu sous les yeux, les recettes se sont élevées, dans une forêt de 2,540 hectares, à 2,800 fr. et les dépenses à 900 francs. C’est un produit net de 75 centimes par hectare.

Pour satisfaire aux exigences de ce service, les agens forestiers allemands doivent connaître à fond tous les détails de la science cynégétique; ils ont à ce sujet dans leurs écoles des cours spéciaux, sur lesquels ils passent des examens : aussi chez eux la dénomination de forestier est-elle synonyme de celle de chasseur. Comme ils aiment à se rendre compte de tout, ils ont recherché quelle quantité de gibier une forêt peut renfermer sans être exposée à de grands dégâts, et le nombre de têtes de chaque espèce qu’on peut y tuer chaque année pour conserver cette quantité à peu près toujours la même. Ils ont déterminé ainsi le rendement exact d’une forêt en gibier, comme ils en déterminent le rendement annuel en bois. D’après Beckstein, un parc à gibier de 1,000 hectares, clos de murs et renfermant 100 hectares de marais, 160 hectares de champs et prés, et le reste en bois, peut contenir 259 cerfs et biches, 52 daims, 47 sangliers, 43 chevreuils, 200 lièvres, 100 lapins, et des faisans en nombre indéterminé. Il faut, pour nourrir ces animaux pendant l’hiver, leur donner 122,864 livres de foin, et 22,309 livres de pommes de terre. Dans un parc ainsi constitué au printemps, on peut tuer pendant le courant de l’année 80 cerfs, 22 daims, 32 sangliers, 20 chevreuils, 1,100 lièvres et 800 lapins. Dans les forêts non closes, peuplées de bois feuillus, entrecoupées de prairies, on peut conserver par