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LE PAVÉ.

Durand.

Après ?

Louise.

Il faudrait vous habiller, monsieur ! Vous n’allez pas sortir avec vos pantoufles et votre habit du matin ?

Durand.

Bah ! à la campagne !

Louise.

Et puis, monsieur,… c’est… c’est Jean qui est revenu.

Durand, feignant la préoccupation.

Quel Jean ? Ah ! monsieur Coqueret ! Eh bien !

Louise.

Monsieur l’avait chassé, et moi…

Durand.

Je l’avais chassé, et toi… Je n’y suis plus du tout. (Il affecte de regarder son pavé.)

Louise, à part.

Le voilà retombé dans sa fantaisie, Dieu soit loué ! (Haut.) Alors monsieur ne pense plus du tout…

Durand.

Voyons ! tu me déranges, tu me tourmentes, il faut en finir. J’ai chassé Coqueret pour un mensonge. S’est-il justifié ? se repent-il ?

Louise.

Oh ! oui, monsieur, beaucoup, et…

Durand.

Et tu lui as pardonné ? Ça te regarde, ma chère enfant, ça te regarde, si tu le juges digne de pardon…

Louise.

Bien certainement, et même…

Durand.

Tu comprends que je ne peux pas attacher à cela une grande importance, moi ! C’est à toi de réfléchir, et si tu crois devoir…

Louise.

Monsieur, vous êtes encore fâché contre lui ou contre moi !

Durand, sèchement.

Où prends-tu ça, ma chère ?

Louise.

Dans votre air d’indifférence. Je ne veux pas me marier si ça contrarie monsieur ; mais si monsieur voulait me permettre de lui expliquer la conduite de Jean…