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LE PAVÉ.

Louise.

Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! Mais de quoi donc m’accusez-vous ? Je n’ai rien à me reprocher. Je ne peux pas confesser ce qui n’est pas !

Durand.

Il vient !

Louise.

Qu’il vienne ! (À part.) Pauvre Jean ! qu’est-ce qu’il a donc pu dire ?


Scène XV.

DURAND, LOUISE, COQUERET.
Coqueret.

Monsieur !

Durand.

Avance et réponds, maître Jean Coqueret : veux-tu épouser Louise ?

Coqueret, vivement.

Oui, monsieur !

Durand.

Et penses-tu qu’elle y consente ?

Coqueret.

Oui, monsieur, si vous lui faites entendre la vérité. Pourquoi ne voudrait-elle point de moi ? Elle n’est pas plus que moi. Elle n’est pas même tant. Elle est une champie, et moi j’ai mes père et mère. Elle est plus savante que moi, parce que vous l’avez rendue savante ; mais qu’elle me rende savant, je ne demande pas mieux. Vous lui donnez de bons gages, mais vous m’en donnez aussi plus que je n’en mérite. D’ailleurs j’ai une dot. Nous nous convenons donc assez bien. Je l’aime, elle ne peut pas me détester. Je suis un honnête homme, elle le sait bien ; vous aussi, monsieur, vous me connaissez. Par ainsi dites-lui que ça vous contente, et elle fera son contentement de vous obéir.

Durand, à Louise.

Tu l’entends ! Vous vous convenez, vous vous aimez, et vous n’attendez tous deux que ma permission pour vous marier.

Coqueret.

Oui, monsieur, c’est ça, vous parlez très raisonnablement !

Durand, à Louise, avec colère.

Allons ! n’essaie plus de mentir !

Coqueret.

Ne la grondez pas, monsieur. Si vous la grondez, elle n’osera pas se confesser !