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REVUE DES DEUX MONDES.

Coqueret.

Oh ! non, monsieur, toute la faute était à moi ! Mais depuis que Louise a entrepris mon éducation…

Durand.

Ah ! Louise a entrepris…

Coqueret.

Oui, monsieur. Elle m’a dit comme ça : Vois-tu, Jean, tu impatientes notre maître avec ta bêtise, faut te forcer l’esprit pour lui complaire, faut apprendre ! Moi, j’ai appris à seule fin de t’enseigner, et je vais t’enseigner bien vite, du temps que monsieur n’y est pas.

Durand.

Alors,… selon toi, elle ne s’est donné la peine d’apprendre qu’à ton intention ?

Coqueret.

Oui, monsieur, c’est comme je vous le dis.

Durand, avec dépit.

Elle est, ma foi, bien bonne !

Coqueret.

Oh ! oui, monsieur, elle est diantrement bonne, c’est la vérité !

Durand, (Il prend son marteau et travaille sa pierre avec humeur.) à part.

Et moi qui attribuais ce beau zèle à son dévouement pour moi !… Mais c’est pour l’encourager, ce qu’elle lui a dit là… Au fond, elle ne songeait qu’à le rendre moins impatientant pour moi ; c’était encore une manière de me servir. Excellente fille ! (Haut.) Voyons, que t’a-t-elle appris. Mlle  Louise ?

Coqueret.

La Louise ? Elle m’a commencé par le commencement, par les…

Durand.

Par les granites ?

Coqueret.

Oui, monsieur.

Durand.

Eh bien ! qu’est-ce que le granit ?

Coqueret.

Ce que c’est, ce que c’est ! c’est ce qu’on place au commencement des livres et au numéro 1 sur les rayons. C’est les montagnes du côté de Saint-Pierre.

Durand.

Bien ! Après ? Cela se compose de…

Coqueret.

Ça se compose de,… ça se compose de… trois choses qui sont le…