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quotidien (Nya dayligt Allehanda). Le rcMe libéral de l’Aftonblad en Suède est rempli en Danemark par deux feuilles importantes, la Patrie (Faedreland) et la Feuille du Jour (Dagblad). Ces deux feuilles se trouvent ainsi souvent opposées au Berlingske Tidende, organe semi-officiel, fondé par M. Berling, et le même que nos journaux, peu instruits et peu soucieux du Nord, ont longtemps appelé, par une étrange erreur, la Gazette de Berlin. Dirigées, la première par M. Ploug, et la seconde par M. Bille, qui sont, comme M. Sohlman pour l’Aftonblad en Suède, de zélés et intelligens patriotes, les deux feuilles danoises ne laissent passer aucune question politique ou sociale de quelque importance sans la discuter soigneusement, et leurs enquêtes, précédant ou accompagnant les discussions des chambres, font intervenir énergiquement l’opinion publique dans les résolutions qui doivent régler les destinées de la nation. La presse politique remplit de la sorte, en Danemark et en Suède, le rôle qui lui est naturellement assigné : elle est une seconde tribune à côté du parlement. Il en est de même en Norvège, grâce au Morgenblad ou Feuille du matin. De ces différentes feuilles, c’est l’Aftonblad qui a le plus d’importance incontestablement par le nombre de ses abonnés, par l’étendue de son format et l’abondance de ses matières. De nombreuses correspondances le rendent instructif, non pas seulement pour la Suède, mais aussi pour l’étranger, qui y trouve de curieuses informations venues de pays peu connus en Europe, comme la Finlande et la Russie. Toutefois un des journaux danois que nous venons de nommer l’a dépassé en efforts tentés pour attirer les lecteurs du dehors. Désireux d’obtenir pour son pays, au milieu des difficultés que suscite au Danemark l’animosité constante de l’Allemagne, l’attention et les sympathies de l’Europe occidentale et particulièrement de la France, le Dugblad donne depuis deux ans des chroniques hebdomadaires rédigées en français. Ce n’est pas un médiocre secours pour qui veut parvenir à comprendre la question complexe des duchés, et M. Bille accomplit de la sorte une œuvre patriotique dont ses concitoyens doivent lui savoir beaucoup de gré.

Un pareil essai a été tenté, — même sur une plus grande échelle, — par un homme de lettres résidant à Stockholm. M. Kramer a entrepris, il y a quelques années, la publication d’une Revue suédoise entièrement rédigée en français. Nos vœux sincères ont accueilli cet effort; il nous rappelait le temps où la Suède était pour tant de nos compatriotes du refuge ou de l’émigration une seconde patrie, le temps où, dans cet intelligent et généreux pays, la cour et la ville parlaient et pensaient en français... La tentative récente a échoué par la faute des auteurs plus que par celle du public, et, si nous ne nous trompons, la publication a tout à fait cessé. Elle avait paru cependant édifiée sur un plan sagement combiné, donnant une chronique politique, puis des études statistiques, littéraires, historiques et morales; mais, dans l’exécution du plan qu’on avait adopté, l’inexpérience se montrait au grand jour, et la direction n’avait pas obtenu un concours suffisant de talens disciplinés et préparés à l’épreuve.

L’œuvre de la presse périodique, si elle consent à s’enfermer dans le domaine purement scientifique ou littéraire, devient plus facile, et, pour peu qu’elle sache se plier aux exigences d’une publicité digne de ce nom, elle