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Le règlement de l’Orléanais, comme celui de l’Ile-de-France, groupait deux à deux les douze élections de la province pour en former six départemens. Le premier se composait des élections d’Orléans et de Beaugency, le second de Chartres et de Dourdan, le troisième de Vendôme et de Châteaudun, le quatrième de Blois et de Romorantin, le cinquième de Pithiviers et de Montargis, le sixième de Gien et de Clamecy. Ces départemens de l’Orléanais avaient en moyenne 350,000 hectares de superficie, ou à peu près l’étendue des deux départemens actuels de Vaucluse et de Tarn-et-Garonne. Le coadjuteur d’Orléans, l’évêque de Chartres, le comte de Dufort, le comte de Saint-Chamans, l’abbé de Césarges et le vicomte de Toulongeon furent nommés présidens. Parmi les procureurs-syndics, on trouve M. Dupin, procureur du roi du grenier à sel de Clamecy, qui a fait successivement partie de l’assemblée législative de 1791, du conseil des anciens et du corps législatif, qui a voulu finir sous-préfet de Clamecy comme il avait commencé, et dont les trois fils se sont de nos jours diversement illustrés.

On conserve aux archives d’Orléans le recueil complet des procès-verbaux de la commission intermédiaire de la province jusqu’au moment où elle a dû remettre l’administration à ses successeurs ; elle a tenu, du 23 décembre 1787 au 13 septembre 1790, 333 séances ou plus de 100 par an. Les mêmes archives contiennent de nombreuses liasses sur les travaux des commissions intermédiaires de département. Ces divers documens montrent quelle vie animait cette organisation qui a duré si peu. Un des argumens favoris des partisans de la centralisation administrative, c’est que les petites villes de province fourniraient difficilement des administrateurs capables et zélés : l’exemple de l’Orléanais, une des provinces les plus arriérées en 1787, prouve le contraire, et puisqu’il s’est trouvé tant d’hommes prêts à prendre partout alors la direction des intérêts locaux, on doit croire qu’il s’en trouverait au moins autant aujourd’hui.

Les membres de l’assemblée d’Orléans, comme de toutes les autres, eurent dans les événemens qui suivirent un sort très différent. Les uns suivirent la révolution, les autres y périrent. En 1788, Sieyès publia son fameux pamphlet : Qu’est-ce que le tiers-état ? Tout était faux dans les trois propositions qui résument cet écrit incendiaire ; il était faux que le tiers-état ne fût rien en 1788 ; cet ordre exerçait au contraire le pouvoir prépondérant, et Sieyès lui-même le savait parfaitement, puisqu’il avait fait partie d’une assemblée où il dominait ; il était faux que le tiers-état dut être tout dans la société régénérée, car l’expérience a prouvé qu’une nation ne pouvait pas, même quand elle le voulait, se séparer violemment de son histoire, et Sieyès lui-même l’a reconnu quand il a accepté le titre de comte sous un empereur héréditaire qui relevait pêle-mêle