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plus de vie aux libertés locales. Même de nos jours, il a été souvent question de partager en deux le département du Nord, ce qui ramènerait à peu près aux faits historiques.

Le duc de Croï, président de l’assemblée provisoire, appartenait à l’une des plus grandes familles de l’Europe. Son père, le maréchal de Croï, avait été surnommé pour sa bienfaisance le Penthièvre du Hainaut ; lui-même était membre de la Société d’agriculture de Paris et fort occupé d’améliorations positives. On voulut lui décerner la présidence perpétuelle ; il refusa. À ses côtés siégeait un autre grand seigneur, issu comme lui d’une ancienne maison souveraine, le prince Auguste d’Arenberg, connu en France sous le nom de comte de La Marck, le même qui, ayant contracté à l’assemblée nationale des relations intimes avec Mirabeau, le réconcilia secrètement avec le roi et la reine au mois de mai 1790. Parmi les membres du clergé figuraient les abbés des cinq grands monastères du Hainaut, dans le tiers-état les prévôts ou maires des principales villes et un égal nombre de propriétaires de campagne.


III. — ILE-DE-FRANCE.

La généralité de Paris, une des plus grandes, comprenait à peu près les quatre départemens actuels de la Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne et Oise, avec une partie de l’Yonne et d’Eure-et-Loir, Elle se divisait en vingt-deux élections qui forment aujourd’hui vingt-cinq arrondissemens, et dont les chefs-lieux étaient Paris, Beauvais, Compiègne, Senlis, Nogent-sur-Seine, Sens, Joigny. Saint-Florentin, Tonnerre, Vézelay, Melun, Meaux, Coulommiers, Rozoy, Nemours, Provins, Montereau, Pontoise, Étampes, Montfort-l’Amaury et Dreux. On y payait beaucoup plus d’impôts qu’ailleurs, 64 livres 5 sols par tête ; mais la ville de Paris, qui contenait à elle seule près de la moitié de la population, en fournissait la plus grande partie. « Tant de ressourcés, dit Necker, sont l’effet des grandes richesses concentrées dans la capitale, séjour des rentiers, des hommes de finance, des ambassadeurs, des riches voyageurs, des grands propriétaires de terres et des personnes les plus favorisées des grâces de la cour. » La généralité de Paris supportait toutes le impositions établies dans le royaume ; mais, par un privilège particulier, les chemins s’y exécutaient aux frais du trésor royal.

Malgré ce privilège et beaucoup d’autres, les trois quarts de la généralité n’étaient pas beaucoup plus riches que le reste de la France. Arthur Young remarquait avec étonnement l’aspect morne et désert des grandes routes qui aboutissaient à Paris. Même aux