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sur ces deux liquides, et par ceux-ci l’un sur l’autre. Bien que l’explication n’en ait pas été jusqu’à présent formulée d’une manière simple, elles révèlent l’existence d’une force qui doit s’exercer dans tous les cas analogues et contribuer à la production d’une foule de phénomènes. Ainsi l’illustre doyen des physiciens vivans a pratiqué des entailles à diverses hauteurs dans le tronc d’un arbre, et ayant recueilli les liquides qui en découlaient, il a reconnu qu’ils avaient des densités de plus en plus grandes à mesure qu’on les prenait à des élévations plus considérables. Il suit de là qu’ils doivent agir l’un sur l’autre à travers le bois qui les sépare, que l’endosmose tend à les faire monter dans le végétal, et même qu’elle peut les faire écouler à l’extérieur, comme le font les pleurs de la vigne. Ainsi l’endosmose doit ajouter son effet à la force d’imbibition et à celle qui résulte de l’évaporation, et agir pour faire monter la séve. Je me suis assuré, par des expériences encore incomplètes, que la densité des sucs propres suit une marche contraire, et augmente en allant des feuilles au tronc. Par conséquent, ce serait encore à l’endosmose qu’il faudrait attribuer le mouvement de la séve descendante.

Sans nous arrêter à montrer tous les cas où l’endosmose exerce son effet dans l’économie animale ou végétale, bornons-nous à répéter qu’il était intéressant de signaler l’existence de ces forces plutôt à cause des espérances qu’elles font concevoir que par suite des résultats qu’elles ont donnés. Ne peut-on maintenant dire à ceux qui s’endorment dans la contemplation stérile des organes : Voilà des forces que la physique a reconnues ; elles agissent manifestement dans l’économie animale et végétale, dont elles sont les ressorts secondaires : c’est à vous d’en préciser le jeu ? Votre devoir et votre élément de succès sont d’imiter ces organes et de les soumettre artificiellement à des conditions identiques à celles de la nature. C’est ainsi seulement que vous ferez l’analyse de ces fonctions que vous êtes impuissans à expliquer. Comparez les progrès immenses que font tous les jours la physique et la chimie à l’état stationnaire où restent les sciences naturelles ; ne cherchez d’autre raison de cette différence que la répugnance invincible que vous opposez à l’expérimentation. Les mêmes succès vous attendent, si vous vous décidez enfin à ne pas laisser enfouies les richesses scientifiques infinies que vous n’avez pas voulu exploiter.


IV.

C’est surtout quand on a commencé à réfléchir sérieusement sur le dégagement de la chaleur et de l’électricité et sur la production