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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet 1861.

Nous sommes au moment de l’année où à peu près partout on devient las de politique. Il y a longtemps que l’on a remarqué cette division naturelle, qui, coupant l’année en deux, fait à peu près pour toute l’Europe de l’hiver la saison politique, de l’été la saison du repos. Il y aurait entre ces deux divisions une autre démarcation à tracer. L’hiver est l’époque où les gouvernemens sont en conférence avec les parlemens ; les hommes d’état sont sur la scène : c’est à la spontanéité et à la raison des hommes politiques de déterminer la direction des affaires et de rendre un compte raisonné de leur initiative à l’opinion. L’été, cette initiative, si elle s’exerce encore, se renferme dans le cabinet, se blottit dans l’ombre des parcs, flâne et papillonne aux eaux. La parole alors, comme dit un lieu-commun pompeux, est aux événemens, c’est-à-dire que la marche de la politique, loin qu’on puisse la calculer sur les déclarations publiques des gouvernemens ou les discussions des chambres, dépend des accidens qui naissent des choses mêmes. Les étés de ces dernières années ont été remplis et tout émus d’accidens de cette sorte, qui, au point de vue de la curiosité et de l’amusement du spectacle, rendirent ces étés plus intéressans que les hivers auxquels ils succédèrent. Ce fut par exemple dans la saison des accidens que nous assistâmes, l’année dernière, au roman des expéditions garibaldiennes. Cette année-ci, la saison des accidens paraît devoir être une morte saison. On se reposera à peu près partout, et comme le repos est un besoin universel, il faut souhaiter qu’aucun caprice du dieu Hasard ne nous vienne troubler en nos quartiers d’été.

Commençons par la France la tournée de cette quinzaine. De quoi l’opinion s’est-elle surtout occupée depuis deux semaines ? Il faut le dire, de l’affaire Mirés. Le moment n’est point encore venu où l’on puisse tirer de ce procès les inductions morales, sociales et politiques qui s’en dégagent. Une voie d’appel est encore ouverte aux condamnés du tribunal de police correctionnelle,