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commission intermédiaire ne se découragea pas ; elle poursuivit avec persévérance l’exécution des votes, notamment en ce qui concernait les travaux des chemins. L’assemblée, aux termes de son institution, devait être convoquée en 1782 ; elle ne le fut qu’au mois d’octobre 1783, sur les instances réitérées de l’archevêque. Le nouveau ministre présenta cet ajournement comme une compensation de la session extraordinaire de 1779. L’autorisation de publier les procès-verbaux fut retirée. Trois membres du clergé avaient été promus à l’épiscopat : M. de Séguiran, abbé du Landais, était devenu évêque de Nevers : M. de Béthisy, abbé de Barzelles, évêque d’Uzès, et M. de Hercé, abbé de Chezal-Benoît, évêque de Dol. Tous trois conservèrent leurs abbayes dans la province, mais les évêques d’Uzès et de Dol, étant désormais trop éloignés du Berri par leur résidence, durent être remplacés à l’assemblée. Le nouvel évêque de Nevers ne cessa pas d’en faire partie. Tous les trois ont été plus tard membres de l’assemble des notables, et élus en 1789 aux états-généraux.

Avant de quitter le ministère, Necker avait pris une des meilleures mesures de son administration : il avait fait décider par le roi, le 13 février 1780, que la taille, qui pouvait jusqu’alors s’accroître arbitrairement par un simple arrêt du conseil, ne pourrait plus être augmentée que par une loi soumise à l’enregistrement des parlemens. Le bureau de l’impôt rendit hommage en ces termes à la nouvelle réforme : « Il est heureusement arrivé, depuis votre séparation, une sorte de révolution, un événement mémorable en matière de taille. Ce qui rendait surtout cet impôt affligeant pour les contribuables, c’est qu’il pouvait s’accroître et s’accroissait réellement d’année en année sans formes publiques, sans promulgation quelconque, et devait, par sa progression naturelle, peser indéfiniment sur la substance de la nation. Il eût été chimérique, dans cette situation, d’attendre des peuples qu’ils se prêtassent à donner les éclaircissemens nécessaires à une meilleure répartition. Rien ne les eût rassurés contre la crainte de voir ajouter aux charges anciennes à mesure que leurs facultés seraient mieux connues, et tout projet de recherche eût été un signe de terreur. Enfin le gouvernement a pris la résolution courageuse de fixer le montant de la taille et de ses accessoires. Après cet engagement solennel, nous pouvons avec confiance rechercher les rapports des facultés des contribuables et des charges, et les peuples, éclairés sur l’objet de vos recherches, n’y verront que le désir paternel et juste de partager entre les membres d’une même famille les diverses parties du fardeau commun. »

L’abbé de Vélard lut sur la situation de l’agriculture et de l’industrie un grand travail. Quelque misérable que fût le Berri, l’agriculture n’y était pas précisément stationnaire. Une société d’agriculture