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grand Dieu eut pitié d’eux, il « déploya à leur égard une générosité aussi vaste que la mer, » et envoya sur la terre son fils Hong-siou-tsiouen pour les sauver[1]. En 1837, après qu’il eut étudié les classiques, il monta au ciel, où le grand Dieu lui communiqua personnellement la vraie doctrine, lui remit un sceau et une épée, emblèmes d’une autorité et d’une majesté irrésistibles, et lui donna l’ordre de combattre les démons avec l’aide du frère aîné Jésus et des anges. Lorsqu’il eut vaincu l’ennemi des hommes, il fut rappelé au ciel : Dieu l’y investit d’une grande autorité, et lui donna une nouvelle mission pour le salut du genre humain, lui disant : Je suis avec vous pour diriger toute chose. En 1848, Hong-siou-tsiouen se trouvant dans une grande perplexité, le grand Dieu vint avec Jésus-Christ pour le secourir et lui apprendre à porter le poids du gouvernement. — « Le grand Dieu a suscité son fils pour déjouer les complots des méchans, pour déployer la majesté et l’autorité et pour sauver le monde, pour séparer les bons des méchans, accorder aux uns les joies du ciel, envoyer les autres aux peines de l’enfer. » — Il surpasse de beaucoup les hommes en intelligence, savoir et générosité. — Que tous ceux qui sont sous le ciel viennent et reconnaissent le nouveau monarque.

« Depuis que le grand Dieu a fait à l’homme (par son fils Hong-siou-tsiouen) une gracieuse communication de sa doctrine, « tous ceux qui se repentent de leurs péchés et évitent d’adorer les esprits corrompus, de pratiquer le mal et de transgresser les divins commandemens, retourneront au ciel d’où ils tirent leur origine, et y jouiront éternellement d’une infinité de délices, de dignités et d’honneurs, » tandis que ceux qui ne pratiqueront pas le repentir et l’obéissance « iront certainement aux enfers pour y gémir éternellement sous le poids de tristesses, de souffrances et de tortures infinies. Quel est le meilleur et quel est le pire ? Je vous le laisse à juger[2]. »


Le Livre des préceptes religieux est le véritable rituel du culte institué par Taï-ping-ouang. Il reproduit le Décalogue, et proscrit, par un ingénieux commentaire des commandemens de Jéhovah, l’usage du jeu, de l’opium et des liqueurs fermentées. Il renferme des prières dont il recommande les formules à la piété des nouveaux convertis pour les temps d’épreuves, d’afflictions et les circonstances solennelles de la vie : les naissances, les funérailles, les mariages, l’entreprise d’une œuvre importante, la construction d’un nouveau foyer. Le réformateur ordonne à ses sujets d’invoquer Dieu chaque jour ; il veut que leurs prières soient accompagnées du repentir, d’une offrande de vin, de thé, de riz, qui les fasse agréer du Seigneur, et d’une ablution régénératrice qui achève de purifier rame. C’est là tout ce qui constitue, d’après ses écrits, la forme extérieure de son culte.

Après avoir exposé ses préceptes religieux, Taï-ping-ouang a soin

  1. Le chef de la rébellion, qui a pris le nom de Taï-ping-ouang.
  2. Livre des décrets célestes. — Ode de la dynastie Taï-ping. — Livre des préceptes religieux. — Classique trimétrique.