Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'INSURRECTION CHINOISE
SON ORIGINE ET SES PROGRES

II.
TRIOMPHE DE L'INSURRECTION. - LE NOUVEAU ROI CELESTE ET SA DOCTRINE.


I. — RETRAITE DES INSURGES EN-DECA DU FLEUVE-JAUNE.

On connaît maintenant la première période de l’insurrection chinoise, période de progrès incessans et de faciles victoires. À partir de 1853, la lutte devient plus sérieuse, et l’Europe la suit dès lors avec une attention croissante, justifiée par l’importance des faits de guerre que nous allons exposer rapidement d’après les témoignages officiels de la gazette de l’empire.

Au mois de juin 1853, l’avant-garde de l’insurrection avait traversé le Fleuve-Jaune. Après avoir franchi la passe Ling-ming, que n’avait pas su défendre le vice-roi du Tchi-li, et pénétré ainsi dans cette province, elle s’était avancée dans la direction du nord-est sans que le général tartare Ching-paou, à qui le gouvernement chinois venait de confier les fonctions de commissaire impérial, pût mettre obstacle à sa marche victorieuse vers la capitale de l’empire. Au commencement d’octobre, l’armée rebelle se divise en deux corps. L’un va mettre le siège devant l’importante cité de Tien-tsin, le grenier de la capitale[1]. Repoussé par l’intendant des sels

  1. Tien-tsin, où a été signé par M. le baron Gros le traité de 1858, est situé à l’embranchement du Pei-ho et du Grand-Canal, à trente lieues environ au sud de Pékin.