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gage-t-il pas par un lien contractuel, et n’en appelle-t-il pas au cœur des Magyars en se mettant avec franchise et simplicité dans leurs mains? Ainsi fit Marie-Thérèse, et l’histoire ne dit point qu’elle s’en soit mal trouvée. Si le pédantisme de la cour de Vienne et l’obstination des Hongrois rendent toute réconciliation impossible, une occasion unique aura été perdue pour la diffusion de la liberté à l’est de l’Europe et la régénération de l’empire qui devrait réunir les races et les forces qui s’enchevêtrent et se paralysent sur les bords du Danube.

Depuis quelque temps, le conflit allemand-danois nous avait laissés en repos, et ce repos n’a point été perdu, car il paraît que nous allons être délivrés une bonne fois de ce fastidieux procès. On sait que les négociations se continuaient entre le Danemark d’une part, l’Autriche et la Prusse de l’autre, et que pendant la durée de cette négociation les comités de la diète germanique devaient se borner à préparer leur rapport concernant le mode de l’exécution fédérale dans le cas où les négociations n’aboutiraient pas. Le Danemark de son côté, poussé par l’Angleterre, faisait des efforts pour éloigner ou du moins ajourner cette éventualité. Il paraît en effet qu’une note identique vient d’être adressée par le cabinet danois aux cabinets de Vienne et de Berlin, indiquant les concessions que le Danemark ferait à l’Allemagne. Parmi ces concessions, on cite celle-ci : le Danemark renoncerait pour cette année à la quote-part imposée au Holstein dans les dépenses générales du royaume. Ce serait là, comme on voit, une mesure purement provisoire. Le Danemark s’engagerait en outre à ne plus faire rendre de loi concernant les affaires générales du royaume sans l’avis et le consentement des états du Holstein. Cette dernière concession serait beaucoup plus importante. Il semble en somme que la diète de Francfort est satisfaite des propositions danoises, puisqu’elle a décidé, avant de prendre ses vacances, qu’il ne serait pas donné suite à la résolution relative à l’exécution fédérale. N’est-il pas étrange que les Allemands, qui ont soutenu avec tant d’opiniâtreté et de violence les droits historiques du Holstein contre le roi de Danemark, aient tant de peine à comprendre pourquoi les Hongrois préfèrent à une constitution octroyée leurs droits historiques, fondés sur des contrats?

L’assemblée générale du National Verein se tiendra le 26 août à Heidelberg. On fait de grands efforts pour donner à cette réunion tout l’éclat et le retentissement possibles. Ces efforts sont secondés par le gouvernement badois, qui, avec celui de Cobourg, se pose de plus en plus en patron avoué du National Verein, tandis que la Prusse, subissant les exigences complexes de sa situation, louvoie dans sa conduite envers la grande société unitaire. Les journaux de Prusse et du parti de Gotha avaient fait grand bruit au sujet des garnisons autrichiennes des forteresses fédérales de Mayence et de Rastadt. Hs se récriaient sur ce que ces garnisons étaient en partie composées d’Italiens et de Hongrois, et sur le péril auquel était exposée par là la