Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 33.djvu/934

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ELSIE VENNER
EPISODE DE LA VIE AMERICAINE[1]

I

La leçon venait de finir. Le professeur, — c’est de moi que je parle ainsi à la troisième personne, — prenait ses notes, tout en donnant quelques renseignemens aux étudians les plus zélés. L’un d’eux resta le dernier. C’était peut-être celui sur lequel nous fondions le plus d’espérances, un vrai brahmine de haute lignée parmi des parias ou des demi-castes, beau, mince, élancé, tout intelligence et tout nerfs. Il semblait embarrassé, il cherchait une entrée en matière. — Eh bien ! monsieur Langdon, nous voilà seuls !… Qu’avez-vous à me dire ? Puis-je faire quelque chose pour vous ? lui demandai-je.

— Vous le pouvez, monsieur. Je vais suspendre mon cours de médecine pour entrer dans le professorat. J’ai besoin d’un certificat, et…

— Professer, interrompre vos cours ? Y songez-vous ? à la veille de prendre vos degrés ? Allons donc ! Vous serez docteur au printemps prochain. Ne nous quittez pas !

  1. Elsie Venner, a tale of destiny, by Oliver Wendell Holmes ; Boston et Londres 1861. — C’est sous ce titre que paraît le second ouvrage d’un brillant écrivain, — d’un compatriote de Hawthorne et d’Edgar Poe, — dont nous avons signalé les débuts hu-moristiques dans la Revue du 15 juillet 1860. Il est des œuvres qu’on fait mieux com-prendre en les résumant qu’en les discutant. Si, dans le récit qu’on va lire, nous avons donné une idée fidèle du nouvel ouvrage de M. Wendell Holmes, où l’intérêt d’un thème scientifique s’unit si singulièrement à l’intérêt romanesque, nos but sera complètement atteint.