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qui a été l’une des plus intéressantes de l’année, on a exécuté la symphonie d’Haydn, dite la Symphonie de la Reine, une de ces œuvres exquises où l’art est à la hauteur de l’inspiration, où tout est simple, clair et beau comme le jour. Puis on a dit des fragmens du premier acte d’Iphigénie en Tauride de Gluck, la scène de Thoas, qui a été fort bien déclamée par M. Massol, l’air de danse et le chœur des Scythes. Quel prodige que cette musique ! quel sentiment profond et religieux dans ce récitatif de Thoas :

De noirs pressentimens
Mon âme est obsédée !


Et le chœur des sauvages, et la marche, qui semble un précurseur de la marche turque des Ruines d’Athènes de Beethoven ? Le grand concerto en mi bémol pour piano de Beethoven, qui occupait le troisième numéro du programme, a été exécuté par M. Planté avec plus d’élégance et de correction que de véritable sentiment. L’ouverture de l’opéra de Zampa, qu’on entendait pour la première fois au Conservatoire, y a été appréciée ce qu’elle vaut, comme l’une des meilleures ouvertures symphoniques de l’école française.

Au quatrième concert, qui a eu lieu le 24 février, on a d’abord exécuté la symphonie héroïque de Beethoven, dont la marche seule forme tout un drame. Un chœur et un air de Paulus, oratorio de Mendelssohn, a été chanté convenablement par M. Guglielmi, dont la belle i voix de baryton pourrait être plus animée. Des fragmens du ballet de Prométhée de Beethoven, délicieuse imagination que le public a fait recommencer, le finale du premier acte (l’Oberon, où Mmes Vandenheuvel et Rey n’ont fait preuve que de bonne volonté, et l’ouverture du Jubilé de Weber, qui semble être une esquisse de celle du Freyschütz, ont rempli la séance. Le cinquième concert a été, sans contredit, le plus important de l’année. Le programme, très varié, contenait d’abord la Symphonie militaire d’Haydn, ainsi nommée parce que le second morceau est une marche guerrière. Des fragmens de l’Alceste française et de l’Alceste italienne de Gluck ont été chantés ensuite avec succès par M. Cazeaux, de l’Opéra, et par Mme Viardot, qui s’y est élevée à la plus grande émotion dramatique que puisse produire une cantatrice. L’ouverture du Jeune Henri de Méhul et le chœur de Judas Machabée de Handel ont achevé de remplir cette belle fête, qui a produit sur le public une impression profonde. Le sixième concert n’a eu de remarquable que la symphonie en si bémol de Beethoven et l’introduction du Siège de Corinthe de Rossini, dont les soli ont été chantés par MM. Massol, Paulin et Cazeaux, de l’Opéra. Un fragment d’un concerto de violon de Viotti, exécuté par M. Ernest Altès, a paru peu digne de figurer sur les programmes de la Société. La séance s’est terminée par l’ouverture l’Euryanthe de Weber. Le concert extraordinaire qui a été donné le dimanche de Pâques, à huit heures du soir, a été on ne peut plus intéressant. La symphonie en ut majeur de Beethoven, qui ouvrait le programme, a été suivie du chœur à la Palestrina