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importante pour laisser fermé à jamais tout passage à travers cette immense chaîne de montagnes qui s’étend entre l’Océan et la Méditerranée » On craint aussi d’être obligé d’avoir recours à un matériel spécial pour ce trajet ; mais dans les conditions de trafic pré vues, un choix convenable de machines suffira, puisque les exemples d’exploitations analogues existent partout.

Les prix de revient résument, comme nous l’avons dit, toutes ces difficultés, On pourrait ne pas en parler, puisque le gouvernement n’aurait pas de subvention à payer ; mais ces chiffres ont assez d’intérêt pour n’être pas passés sous silence. En raisonnant par analogie, on voit que la partie espagnole du tracé ne coûterait pas plus de 15 millions de francs ; encore même la valeur, modique des terrains, les faibles dépenses nécessaires-à l’établissement des stations permettraient-elles de considérer ce chiffre comme un maximum. L’exploitation ne se ferait pas sans doute dans des conditions économiques ; cependant, si l’on compare les tarifs espagnols, généralement élevés, au prix de revient des transports sur la ligne de Turin à Gênes dans une des dernières années, les bénéfices seraient encore considérables. Le temps gagné serait de peu d’importance, une heure peut-être sur le trajet total ; mais les prix de transport pour arriver à Bayonne se trouveraient notablement améliorés, puisque la tonne de marchandise à petite vitesse se déchargerait environ de 12 francs et à la grande vitesse de 24 francs, par suite de la différence de parcours.

On s’est plaint de l’absence de renseignemens sur la partie française du tracé ; cela n’a rien qui doive étonner. Dès le début, on n’a cessé de présenter ce projet comme ayant la préférence du gouvernement-français, qui, disait-on, ne voulait pas concéder la ligne de Bayonne à Irun. La marche suivie a été au contraire celle qui devait laisser le plus de liberté à l’Espagne et inspirer le plus de confiance. Le gouvernement français a concédé le chemin de Bayonne à Irun, évitant de faire connaître son avis officiellement sur la ligne rivale, ne donnant pas même à celle-ci les encouragemens qu’il a l’habitude de donner à toute idée dont le pays peut retirer un avantage, Dans aucune circonstance, il n’a pu être accusé plus injustement d’exercer une pression, et, au milieu de toutes les discussions soulevées par le projet, nul ne pouvait réellement lui faire un crime de la réserve dans laquelle il se maintenait. Quoique les documens fissent défaut, les ingénieurs espagnols, jetant un coup d’œil sur la topographie du versant septentrional, déclarèrent presque impossible la construction du chemin des Alduides sur le territoire français. En effet, ce versant des Pyrénées offre plus de difficultés que le versant sud ; néanmoins l’œuvre n’est pas de celles qui peuvent arrêter la science aujourd’hui. Sans doute la Nive est une rivière