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un développement considérable en Belgique : elle s’élève aujourd’hui à plus de 16 millions de kilos.

L’engraissement du bétail de boucherie et l’augmentation de la quantité d’engrais disponible ont suivi ces progrès. Le prix de location des terres s’en est ressenti, et a haussé dans des proportions considérables. En moyenne, on peut le porter à 100 ou 110 fr. par hectare, et en bien des localités il monte à 125 et 150 fr., non pour des parcelles, mais pour de grandes fermes. Le prix de vente doit être calculé d’après le revenu, qui ne s’élève pas à plus de 2 1/2 pour 100. La terre arable ordinaire vaut donc de 4 à 6,000 fr. l’hectare ; mais aussitôt qu’elle est à proximité des centres industriels, où on peut la louer en parcelles pour les ménages d’ouvriers, elle atteint une valeur de 8 à 10,000 fr. l’hectare. Comme les fabricans de sucre n’ont pas généralement une exploitation assez étendue pour récolter toutes les betteraves dont ils ont besoin, et comme d’autre part leur consommation en exige une quantité à peu près fixe, ils donnent jusqu’à 4 et 500 fr. par an pour un hectare de terre convenablement fumé et préparé, où ils sèment la betterave à leurs risques et périls.

Nulle part en Belgique la valeur de la propriété foncière ne s’est accrue aussi rapidement que dans cette région : depuis trente ans, elle a presque doublé. C’est dans le développement de l’industrie qu’il faut chercher la cause principale de ce phénomène économique. Assise en partie sur un bassin houiller extrêmement riche, cette région privilégiée livre en effet à la consommation non-seulement les produits de la superficie du sol, mais aussi ceux que la terre recèle dans ses profondeurs. On en extrait le charbon exploité dans une multitude de fosses groupées surtout autour de Charleroi et de Mons, le fer fondu dans les hauts-fourneaux qui la nuit éclairent tout le pays comme autant de cratères en éruption, la chaux si nécessaire à ces terrains argileux, le porphyre de Quenast, qui, transformé en pavés, s’exporte jusqu’en Amérique, le kaolin, dont on fait de la porcelaine, et le sable à vitre, coulé en glaces expédiées au loin. Des quantités d’usines de toute espèce, disséminées dans-toute la contrée, favorisent ainsi l’essor du travail et l’accroissement de la population ; elles multiplient les sources de prospérité et tendent à donner au sol une valeur que n’aurait pu créer seul le progrès agricole, quelque réel qu’il ait été d’ailleurs.

On voit que le principal produit n’est pas ici, comme dans la zone sablonneuse, celui de l’étable, le lait et le beurre, mais celui des champs, les céréales et le froment surtout, dont le rendement s’est élevé à 22 hectolitres par hectare. Le capital d’exploitation est moins considérable que dans les Flandres, d’abord parce que la quantité de bétail est moins grande, ensuite parce que le fermier