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sont petites et légères, elles se ressentent de la maigre chère qu’elles font, lorsqu’étant jeunes elles doivent chercher leur pâture dans la bruyère ; mais la plupart des fermiers remontent en partie leurs étables en achetant des génisses hollandaises. Les chevaux sont de qualité médiocre, mal faits et peu vigoureux. Le nombre en est relativement moins élevé que dans toutes les autres parties de la Belgique, parce qu’on emploie souvent comme bêtes de trait les jeunes bœufs, dont le pied fourchu et les lentes allures conviennent aux labours et aux charrois à exécuter dans le sable. C’est dans les contrées à moitié cultivées que d’ordinaire, on le sait, les moutons sont relativement le plus nombreux. On a donc lieu de s’étonner que dans la Campine le chiffre des bêtes à laine n’atteigne que la moitié de celui qui représente la race bovine, et encore ce chiffre va-t-il en décroissant à mesure que les défrichemens s’étendent. Vers 1830, on comptait encore 1 mouton par 6 hectares de superficie ; aujourd’hui on n’en trouve plus que 1 par 8 hectares. La rareté relative des bêtes à laine tient à ce que la lande, qui leur donne bien l’été un médiocre pâturage, ne peut leur fournir de fourrage pour l’hiver ; on les remplace d’ailleurs par des vaches aussitôt que le progrès de la culture le permet.

Si les cultivateurs campinois l’emportent sur les flamands pour la préparation des engrais, ils leur sont inférieurs pour les assolemens. En effet, tandis que ces derniers ont soin d’intercaler presque toujours entre deux récoltes de céréales une récolte de plantes sarclées, les premiers n’observent pas cette règle essentielle et font souvent porter à leur terre plusieurs produits épuisans sans interruption[1]. Cette faute agronomique est d’autant plus fâcheuse, que le sol, étant peu fertile, a besoin d’être plus ménagé. Les labours et les façons donnés à la terre, les travaux des semailles et de la moisson, les instrumens aratoires sont d’ailleurs semblables à ceux qu’on observe dans les Flandres. On remarque surtout un procédé particulier qui frappe bien vite l’observateur étranger et qui paraît propre aux populations de langue flamande, car aussitôt qu’on franchit la frontière qui sépare les deux races et qu’on pénètre dans le pays wallon, soit aux environs de Tirlemont, soit au sud de Bruxelles, on cesse de le rencontrer. Voici en quoi ce procédé consiste : les champs emblavés, au lieu de présenter une surface unie comme à peu près partout ailleurs, sont divisés en lits ou billons, comme dans un jardin potager. Après qu’on a jeté la semence sur la terre fraîchement

  1. C’est ainsi qu’on rencontre assez fréquemment des rotations qui reviennent à peu près au type suivant : première année, pommes de terre ; deuxième, seigle, puis spergule ; troisième, seigle ; quatrième, avoine avec trèfle ; cinquième, trèfle ; sixième, seigle et spergule ou sarrasin.