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des bombes, et que, puisqu’on était venu détrôner une dynastie-dont les deux derniers rois avaient été surnommés par le peuple Bomba et Bombicella, il fallait agir autrement qu’eux, car la liberté ne devait point procéder comme l’absolutisme. Il fut donc décidé qu’on entourerait la ville de manière à obtenir une capitulation, et à éviter le plus possible l’effusion du sang.

Capoue est une ville défendue par de bonnes murailles, appuyée-contre un camp retranché et contenue, c’est là sa vraie force, dans-un coude du Vulturne qui est étroit, profond et muni de berges. escarpées. Elle est traversée par la route consulaire qui va de Naples-à Rome ; on y pénètre par un pont-levis qui fait face à Naples, on en sort par un pont de pierre qui regarde vers Rome. En sortant de la ville, la route de Rome, qui touche à Gaëte, se bifurque dans la direction de l’est, et, passant par la petite ville de Cajazzo, aboutit à une forte bourgade qu’on nomme Rojano. Devant Capoue, vers Naples, s’étend une immense plaine d’une extraordinaire fertilité ; elle est occupée par de nombreuses cascine, plantée d’arbres si pressés que de loin ils lui donnent l’apparence d’une forêt, et cultivée surtout en céréales. À l’extrémité de cette plaine, vers l’est, s’élève une très haute montagne qui baigne ses pieds dans le Vulturne : c’est Monte-Tifata ; ses ressauts forment une colline assez abrupte et rocailleuse, puis une seconde qui va mourir en pente douce dans la région plate, et qui porte le village de Sant’Angelo della Forma. Au-delà, et toujours côtoyant le fleuve, les montagnes. continuent leurs ondulations à l’extrémité desquelles se trouve la petite ville de Limatola. C’étaient là nos positions de montagnes, si j’ose dire, faisant face au Vulturne, qu’elles surveillaient, et dominant la plaine par Sant’Angelo, qui s’y avance en éperon. Vers le sud-est, au milieu de la plaine, la ville de Santa-Maria, garnie à la-hâte de barricades extérieures et de quelques ouvrages en terre, nous offrait une très bonne base d’opérations, car de là nous pouvions donner la main à Sant’Angelo, où conduisait un large chemin vicinal, et nous étions à portée de surveiller toutes les sorties de la garnison ennemie. Plus bas, Caserte, avec son palais, ses casernes immenses, ses hôpitaux, nous faisait un excellent quartier-général, et plus bas encore, vers le sud, Maddaloni, situé sur la pente d’une colline évasée dans la plaine, nous servait de position de réserve et 40 point très important de défense dans le cas où nous aurions été tournés par les royaux. Nous n’avions à redouter qu’un mouvement désespéré des Napolitains, qui, culbutant nos lignes, eussent marché droit sur Naples. Or, pour aller de Capoue à Naples, il y a deux routes : celle qui passe à Aversa, et nous la commandions par Santa-Maria ; celle qui côtoie Afragola, et nous la tenions par notre position