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Tend une fleur au mois d’avril
Couronné de violettes.

« Du premier bonheur disparu
Le cher fantôme qui veille
Rit au bonheur nouveau-venu
Dans notre cœur qui sommeille.
Ainsi la jeune mère, en deuil
D’un premier enfant, fait accueil
Au nouveau-né qui s’éveille. »


IX. — LE CHARBONNIER.


Les jours d’hiver sont revenus,
Plus de feuilles aux branches ;
Le givre couvre les bois nus
De ses aiguilles blanches.
Dans la coupe où sont empilés
Les menus brins de hêtre,
Les charbonniers sont installés,
Femme, apprentis et maître.

La femme allaite un nourrisson
Dans la hutte de mousse,
Et lui murmure une chanson
Mélancolique et douce ;
Le maître et ses gens, à l’entour
Des fournaises nouvelles,
Montent la garde tour à tour,
Comme des sentinelles.

Le charbon qui cuit, abrité
Sous une cendre épaisse,
Gronde comme un enfant gâté
Qu’il faut veiller sans cesse.
Tout chôme avec un feu trop lent ;
Si la braise allumée
Flambe trop vite sous le vent,
Tout s’envole en fumée.

Rude besogne, sans repos,
Et de sueur baignée !
Le charbonnier sur ses fourneaux
Ressemble à l’araignée :