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RECITS ET PAYSAGES


I. — A LA LISIÈRE DU BOIS.


Le soleil s’est levé, la forêt tout entière,
Vermeille encor de son premier baiser,
Frissonne, et les oiseaux saluant la lumière,
Dans les arbres en fleur qui bordent la lisière,
Les gais oiseaux commencent à jaser.

Sur les ronces qui fleuronnent
De légers papillons bleus
Tourbillonnent ;
À l’entour des saules creux,
Les mouches à miel bourdonnent
Comme des écoliers quand le maître est loin d’eux.

Jeunes rayons, jeune ramure,
La jeunesse est partout ! O bois de mon pays,
O forêt, sombre mer aux vagues de verdure,
Sources en pleurs, ravins profonds, épais taillis,
Je vous retrouve enfin, ô mes amis d’enfance !
Dans vos rameaux épanouis,
J’entends encor cet air de fête et d’espérance
Dont vous m’avez bercé, grands bois de mon pays !

Sous la voûte des feuillées
De rosée encor mouillées,
Je crois voir à travers les vapeurs du matin
Ma première jeunesse en larmes, qui se lève
Et qui me crie en me tendant la main :
 — Qu’as-tu fait de notre beau rêve ?…