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tient à être approvisionnée au moins pour dix années à l’avance, C’est donc une quantité de 400,000 mètres cubes de bois de chêne qu’en temps ordinaire doivent posséder nos chantiers de construction. À ce chiffre il faut ajouter 200,000 mètres cubes de bois résineux pour la mâture et les aménagemens intérieurs.

Pour qu’un pareil approvisionnement soit efficace, il faut qu’il soit composé de pièces assorties sous le rapport des signaux comme sous celui des espèces. Sans cette condition, il ne serait qu’illusoire. S’il n’existait en effet que des pièces d’un même signal, des quilles par exemple, on ne saurait, quelle qu’en soit d’ailleurs la quantité, construire le moindre navire, puisqu’on manquerait des bois nécessaires pour les autres parties du bâtiment. Il en serait de même si les différens signaux ne correspondaient pas aux mêmes espèces, c’est-à-dire si, avec des mèches de gouvernail propres à des vaisseaux à trois ponts, on ne possédait que des quilles de chaloupes. Cette condition de l’assortiment des pièces a parfois été très négligée ; c’est du moins ce qu’a constaté la commission d’enquête parlementaire. Ainsi à Cherbourg, avec un approvisionnent d’ailleurs considérable et suffisant pour huit années, s’il eût été assorti, on possédait à peine de quoi construire deux vaisseaux et quelques bâtimens secondaires ; les bois droits étaient en excès, tandis que les bois courbes faisaient presque complètement défaut. Des cinq