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À Paris, le commerce des bois de charpente et d’industrie n’est pas dans les mêmes mains que icelui des bois de feu ; mais, bien que complètement libres, ils sont l’un et l’autre constitués en syndicat, et les négocians pourvoient, à frais communs, aux dépenses qu’entraînent l’exercice du flottage et la surveillance des ports. L’un d’eux, M. Frédéric Moreau, a publié en 1847 le Code de commerce des bois carrés, renfermant tous les règlement et arrêts qui y sont relatifs. Ce que M. Moreau a fait pour les bois carrés, M. Dupin l’avait fait en 1817 pour les bois à brûler. Ce n’était pas chose facile, car nulle industrie n’a subi plus de vicissitudes. L’approvisionnement de Paris fut toujours l’objet des préoccupations du pouvoir, qui ne négligea rien pour l’assurer, tandis qu’il demeurait assez indifférent aux besoins de la province. Dans l’origine, cet approvisionnement ne présenta aucune difficulté : les habitans de Paris étaient peu nombreux, et une vaste forêt, dont les bois de Boulogne, de Vincennes et de Bondy sont les seuls vestiges, entourait complètement la capitale. À mesure que les besoins augmentèrent, le rayon d’approvisionnement dut s’étendre. On mit successivement à contribution les forêts de Meudon, de Saint-Germain, de Montmorency, puis celles de Chantilly, de Compiègne, de Senart, de Fontainebleau, Néanmoins, les difficultés de transport étaient telles que le manque de bois commençait à se faire sentir, lorsque la découverte du flottage, en permettant d’amener à Paris, à des frais minimes, les bois des forêts les plus éloignées, mit pour jamais cette ville à l’abri du besoin.

Il existait autrefois pour cet approvisionnement un service spécial, à la tête duquel se trouvait un commissaire général, qui fut remplacé en 1832 par deux inspecteurs principaux. La mission de ces fonctionnaires était de tenir la main à ce que le marché de la capitale fût toujours abondamment pourvu de bois de toute nature, de surveiller la confection et l’écoulement des trains, de faire la police des ports d’embarquement, etc. ; mais on finit par reconnaître qu’avec le développement de l’esprit commercial et l’amélioration des voies navigables, l’intervention officielle devenait inutile. Ce service fut en conséquence supprimé par la loi des finances du 28 mars 1849. La police des rivières fut confiée à l’administration des ponts et chaussées, et celle des ports à des agens spéciaux qui relèvent du ministre du commerce, mais qui sont payés par les marchands de bois eux-mêmes, en raison des services qu’ils leur rendent.

À son entrée à Paris, le bois est soumis à un droit d’octroi ; ce droit est, pour le bois dur, de 3 francs par stère, décime compris. C’est une taxe fort élevée, contre laquelle les propriétaires de forêts ne cessent de protester. Ils demandent instamment que le bois soit traité sur le même pied que la houille, c’est-à-dire que le droit à