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les entoure ; mais elles sortent peu, et aucun étranger n’a pénétré assez avant dans l’intimité japonaise pour nous décrire leur toilette. Toutefois il ressort de l’examen des magasins que les bijoux d’or sont très rares, et que les femmes même se contentent d’ornemens de verre auxquels on donne, il est vrai, les formes les plus gracieuses et les plus légères. Les Japonaises les remplissent d’un liquide coloré et en ornent surtout leurs cheveux. Elles savent aussi se parer très agréablement de fleurs. Il existe au Japon un code de lois somptuaires, sévèrement observé, qui interdit certains objets de luxe et définit minutieusement le genre de costume que doit porter chaque classe sociale. Pour les hommes, ce costume varie, suivant les circonstances : leur tenue habituelle consiste dans une espèce de tunique en gaze fine rayée, de couleur sombre et couverte, dit M. Casimir Leconte, d’inscriptions indiquant au premier coup d’œil le nom, la famille et la qualité du porteur. L’étiquette exige d’ailleurs que le vêtement varie suivant les circonstances. Pour rendre visite à des supérieurs, on porte des pantalons plus ou moins longs, et en signe de respect on laisse pendre de longues jambes, de manière à ce qu’en marchant sur les pieds on soit censé se traîner sur les genoux. Le haut du corps est vêtu d’une espèce de robe recouverte d’une bande de gaze formant des ailes sur les épaules et retombant sur le devant. Dans les saluts de cérémonie, il est d’usage de se baisser jusqu’à ce que le bout de cette écharpe touche la terre, et la longueur en est proportionnée à la condition de celui qui la porte. En hiver, les Japonais se couvrent de robes de soie doubles. Hommes et femmes ne portent de chapeaux que quand il pleut ; ils regardent l’éventail comme une protection suffisante contre les ardeurs du soleil. Cet éventail se voit à la main ou à la ceinture de tout le monde sans exception. Les hommes chargent l’éventail d’écriture et s’en servent pour prendre des notes, les femmes pour s’offrir mutuellement des sucreries. À cheval, les hommes portent un petit chapeau plat, bizarrement fixé par des lanières de cuir qui passent sur la figure. On a déjà vu que, malgré l’immoralité reprochée aux hommes, les femmes ne sont pas vis-à-vis d’eux dans la même infériorité que les femmes de la plupart des autres nations de l’Orient. La polygamie n’existe pas ; elles ne sont pas soumises à la réclusion ; elles vont au théâtre, et souvent même accompagnent leurs maris dans les maisons à thé ; elles jouent de la guitare et dansent agréablement ; leurs enfans héritent des titres et des biens communs, sans que les fils des concubines puissent être admis au partage. Enfin, avec beaucoup d’autres contradictions, les Japonais présentent encore celle-ci, non moins singulière que les autres : absence de moralité et, malgré cela, solide constitution de la famille.

Plus que les indications de type et d’usages, c’est l’étude de la