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EXPEDITION
DES DEUX-SICILES
SOUVENIRS ET IMPRESSIONS PERSONNELLES

III.
COSENZA ET LA BASILICATE.

I

Les soldats de Garibaldi, — ou de la brigade Eber, pour ne parler que de ce que j’ai vu, — étaient las, on l’eût été à moins, après les marches qui les avaient conduits à travers une partie des Calabres jusqu’à Marcellinara. La capitulation du général Cardarelli, qui ajournait une bataille espérée, n’était accueillie qu’avec mécontentement ; chacun s’arrangea néanmoins pour s’assurer un sérieux repos. Le jour de notre arrivée et le lendemain, nous restâmes à Marcellinara, où notre état-major était gracieusement hébergé dans la maison du baron de San-Severino. Pour ma part, ce repos me fit grand bien, car un cruel accident me l’avait rendu nécessaire. Peu d’heures après avoir quitté Maïda, j’avais été frappé au-dessus de la cheville par un coup de pied de cheval lancé à toute volée, et qui avait failli me jeter hors de selle. Mon pied tuméfié, piqué de taches violettes, n’avait plus forme humaine ; c’est à grand’peine que j’avais