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reçus, écrits de la main du roi, pour se saisir des cinq membres. L’un d’eux, le sheriff Garrett, offrait de remettre ce mandat ; l’autre refusait, sous prétexte du secret requis par les devoirs de sa charge. Des membres de la chambre, quelques-uns voulaient qu’on retînt ces écrits, d’autres qu’on en refusât la communication. Sir Simonds d’Ewes était du nombre de ceux-ci, et fit encore prévaloir son avis. « Ce serait, disait-il, manquer au respect dont nous devons entourer encore le monarque, bien qu’il ait été égaré par de mauvais conseils. D’ailleurs que ferions-nous de ces écrits ? et à quoi bon désobliger des magistrats qui ont si bien mérité de nous, en les plaçant dans ce dilemme, ou de nous résister, ou d’offenser la personne royale ? » Conformément à ces sages paroles, on fit rappeler les sheriffs, naturellement écartés du débat, et, après les avoir remerciés, on les renvoya. Une délibération plus importante suivit celle-ci. On proposa de voter que « les cinq membres accusés pouvaient et devaient venir aux séances du comité, nonobstant les warrants lancés contre eux, ou toute accusation dont ils pussent avoir été menacés. » C’était là un défi direct à l’autorité royale, et le prudent sir Simonds n’était pas d’avis d’en venir si vite à une extrémité si périlleuse. On devait, selon lui, n’adopter une pareille marche qu’après avoir vainement demandé au roi un sauf-conduit pour les cinq accusés. N’espérant pas faire adopter par ses collègues cette ligne de conduite trop mesurée, trop strictement régulière pour leur humeur du moment, il jugea superflu de se mêler au débat, et laissa voter cette mesure décisive.

Le roi, qui la ressentit vivement, y répondit, dès le lendemain matin, 8 janvier, par une nouvelle proclamation — c’était la troisième, — où, en réitérant l’accusation portée contre les cinq membres, il commandait à tous les magistrats et officiers publics de les appréhender au corps et de les conduire à la Tour. Chose étrange que cette vaine preuve d’obstination ait été donnée par sa majesté le jour même où elle confiait les sceaux à mylord Falkland, un des membres du comité par lequel venait d’être voté le rappel des cinq accusés dans le sein des communes ! Une heure après que la proclamation royale eut été distribuée et affichée, la chambre basse se réunissait dans le même lieu que la veille, et, après avoir ordonné derechef aux cinq membres d’assister à la séance que le comité tiendrait le lundi suivant et où l’on réglerait la question du retour à Westminster, elle votait deux résolutions : la première déclarant « fausse, scandaleuse, illégale, » la proclamation du matin, — la seconde affirmant au contraire « que tous les actes des citoyens de Londres ou de tous autres pour la défense du parlement et de ses privilèges étaient conformes à leur devoir, et que quiconque voudrait les arrêter ou