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parlementaires obstinés dans leur résistance à l’autorité du monarque. M. Pym se garda bien toutefois de laisser paraître qu’il sût le moindre détail des attaques préméditées contre la chambre. Il ne parla qu’en termes généraux de la lutte engagée, des militaires assemblés à White-Hall, et des extrémités auxquelles il fallait s’attendre. Pourtant il demandait que les milices municipales (trained bands) fussent convoquées à l’heure même, comme s’il s’agissait d’une résistance immédiate. Fort peu d’orateurs secondèrent sa motion ; un bien plus grand nombre la combattirent ; quelques-uns proposèrent de s’ajourner et de se rendre à Guild-Hall, où l’on délibérerait sous la protection immédiate de l’autorité municipale[1]. M. Pym, pressé de questions, ne se départit point de la réserve qu’il s’était imposée. On se borna donc à décider qu’on présenterait au roi une requête des communes réclamant pour elles une garde prise dans les milices de la Cité et placée sous les ordres du comte d’Essex. Vous remarquerez peut-être qu’il était étrange de solliciter ainsi du monarque les moyens de se défendre contre lui-même. Tant de hardiesse et de confiance s’expliquent pourtant par l’indécision et la faiblesse habituelles de ce prince, à qui, le 31 décembre, M. Denzil Hollis porta verbalement le message des communes. Le roi, qui cherchait à gagner du temps, si peu que ce fût (ses préparatifs n’étant peut-être pas achevés pour le coup de partie qu’il méditait), refusa de recevoir le message, qui, disait-il, devait être présenté par écrit. On se hâta de le rédiger et de le lui renvoyer sous la forme exigée par lui ; mais, faute d’une réponse immédiate, dans cette même journée du 31, trois membres des communes (MM. Pym, Glyn et Wheeler), tous trois juges de paix de Westminster, eurent ordre de placer en divers endroits de bonnes gardes, suffisamment armées, pour protéger la chambre. On ordonna aussi que des hallebardes fussent apportées, dont au besoin pourraient s’armer ceux des membres qui sauraient s’en servir. Ces ordres furent exécutés, à telles enseignes que ces mêmes hallebardes (une vingtaine environ) sont encore aujourd’hui dans l’enceinte de la salle des délibérations, où elles font une singulière figure.

Le 1er janvier de la présente année 1642, qui était un samedi, la chambre se donna le congé d’usage, mais non sans avoir nommé un comité pour recevoir la réponse de sa majesté à la pétition de la veille, si tant est qu’il en fût fait une. À White-Hall cependant, le conseil siégeait avec le roi. Mylord Falkland y parut comme membre du conseil privé, en attendant que sa nomination de secrétaire d’état fût signée, et il y prêta serment, ainsi que sir John Colepeper,

  1. Le sommaire de cette séance se trouve dans le journal manuscrit de sir Simonds d’Ewes, qui était présent, et prit même la parole. Les cinq volumes manuscrits de sir Simonds sont déposés au British Musœum, dans la collection dite Harleyenne.