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EXPEDITION
DES DEUX-SICILES
SOUVENIRS ET IMPRESSIONS PERSONNELLES

II.
LES CALABRES.

I

Dans la matinée du 24 août 1860, je reçus l’avis d’avoir à me tenir prêt à passer en Calabre ; j’avoue que ce me fut un vif plaisir et un soulagement réel, car on commençait à trop s’ennuyer à Messine. J’eus bientôt terminé mes préparatifs : nous envoyâmes nos ordonnances et nos chevaux au Phare, où ils devaient s’embarquer sur les pontons ; puis, ayant fait dans la ville les rares visites que j’avais à faire, j’attendis.

La division du général Türr avait déjà franchi le détroit[1], à l’exception de la brigade Eber, qui, avec l’état-major, attendait au Phare des bateaux à vapeur pour être transportée en terre ferme. Deux d’entre nous devaient seuls partir avec le général Türr, dont la santé débile, si gravement éprouvée par les premières fatigues de la campagne, était pour ses amis un sujet d’incessantes inquiétudes. Depuis trois jours, il n’avait pu quitter son lit ; accablé par une fièvre

  1. Les brigades Bixio et Eberhard, qui s’étaient distinguées à la prise de Reggio, faisaient partie de la division Türr.