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épiscopale ; elle reçoit des élèves des deux sexes. On peut dire que la ville de Santa-Clara deviendra bientôt sur le Pacifique la rivale de Boston sur l’Atlantique, Boston nommée à si juste titre l’Athènes des États-Unis.

Des sociétés savantes s’occupant chacune d’une spécialité industrielle sont établies dans les principaux centres. Elles y tiennent des séances régulières et y ouvrent même des expositions. La principale de ces sociétés est la Société d’agriculture de l’État, reconnue et subventionnée par l’état lui-même. Autour d’elle gravitent des comices agricoles dans chaque comté. Les expositions ouvertes par ces comices, mais surtout la foire de la Société d’Agriculture, qui se tient chaque année à Sacramento, sont des plus remarquables. Toutes ces sociétés, établies pour la plupart dès la naissance de l’état californien, ont des cabinets, des musées, des bibliothèques. Le nombre des bibliothèques publiques est aussi fort élevé. On en compte plus de trente-deux dans l’état, et elles contiennent toutes ensemble près de 70,000 volumes. Les mieux pourvues sont la bibliothèque de l’état et la bibliothèque du commerce (Mercantile Library), à San-Francisco, possédant chacune près de 12,000 volumes, puis celles des Old Fellows, du collège de Santa-Clara, de Sacramento, qui contiennent chacune de 5 à 6,000 volumes.

La diffusion des lumières, le mouvement intellectuel s’opèrent surtout par les journaux. Il y avait en 1859, à San-Francisco seulement, trente-cinq journaux et écrits périodiques imprimés dans toutes les langues[1]. Est-il besoin d’ajouter que, si la liberté de la presse et la liberté de la parole sont respectées aux États-Unis, la liberté de conscience a été également admise de la façon la plus large dans un pays qui n’a jamais compris qu’il y eût une religion d’état ? De cette nouvelle liberté est résulté en Californie un mouvement religieux très prononcé, et non moins intéressant à étudier que le mouvement intellectuel. La liberté de conscience, accordée à tous indistinctement, a provoqué l’érection d’une foule d’églises de toutes les sectes connues. Les unitaires, les baptistes, les congrégationalistes, les épiscopaux, les méthodistes, les presbytériens, pour n’en pas citer d’autres, ont de nombreuses églises en Californie, et San-Francisco, pour son compte, en possède plus de quarante. Les luthériens allemands ont en outre leurs temples, les catholiques leurs chapelles et églises, les Juifs leurs synagogues, enfin les Chinois ont leurs pagodes. Ils y adorent à leur aise Bouddha et Confucius. Dans la pagode de San-Francisco, comme dans celles du Céleste-Empire, les monstres les plus hideux, les plus grotesques caricatures semblent s’être donné rendez-vous. Les mormons n’ont pas manqué à l’appel dans ce mélange bizarre de toutes les religions. Seulement, peu amis des Américains, c’est vers le comté de San-Bernardino, dans le sud, qu’ils sont

  1. Quinze quotidiens, seize hebdomadaires, trois mensuels, un trimestriel. Quelques journaux quotidiens publient en outre une édition hebdomadaire spéciale pour les mines, et des éditions bi-mensuelles pour le départ des steamers. Le nombre de tous les journaux de l’état dépasse le chiffre de cent.