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et de négliger toute culture intellectuelle et morale. Jamais reproche ne fut moins fondé, même pour la Californie. Partout, dans les comtés les plus éloignés, dans les centres les plus déserts et les moins populeux, existent des écoles publiques. Elles sont soutenues par les citoyens avec un soin qu’on peut traiter de paternel, et tous les enfans les fréquentent. À San-Francisco seulement, il existe plus de trente écoles publiques, indépendamment d’un grand nombre de pensionnats particuliers. On a déjà dit que sur une population juvénile comptant 7,767 individus de cinq à dix-huit ans, 6,201 fréquentaient les écoles. Sur les 1,566 qui manquent à l’appel, quelques-uns sans doute ont déjà achevé leur éducation, d’autres peut-être ne l’ont pas même commencée ; mais ces derniers ne sont pas très certainement des enfans de parens américains, car tout le monde aux États-Unis sait lire, écrire et calculer. Cette éducation primaire se complète par la connaissance de l’histoire, de la géographie et des élémens des sciences. La religion est en général bannie de l’enseignement, et on laisse à la famille le soin de diriger l’enfant dans cette voie.

Les mesures les plus libérales ont été adoptées pour l’éducation de la jeunesse californienne. Les 500,000 acres[1] de terres publiques donnés en cadeau à chaque état, lors de son admission dans l’Union, pour l’aider dans les progrès intérieurs, ont été sagement destinés par la constitution-californienne au soutien des écoles communales. Le congrès de Washington a de son côté donné à la Californie près de 50,000 acres de terres pour l’établissement et l’entretien d’une université de l’état. Enfin près de six millions d’acres, c’est-à-dire une étendue supérieure à celle de plusieurs de nos départemens réunis, ont été également concédés à l’état de Californie par le gouvernement fédéral pour le maintien des écoles publiques. La législature de l’état a décidé que la vente de ces terres ne pourrait être effectuée à moins de 2 dollars, ou un peu plus de 10 fr. par acre.

Le comté de Santa-Clara est surtout réputé en Californie pour ses établissemens d’instruction publique. Il renferme deux collèges régulièrement institués, reconnus par l’état, incorporés pour employer l’expression anglaise en usage. Ces collèges confèrent les degrés et titres académiques, et jouissent des mêmes droits que les institutions analogues dans les états atlantiques. Le premier de ces établissemens est le Collège de Santa-Clara, établi dès 1851 par les pères jésuites et reconnu en 1854 par un acte de la législature. Un président, ayant dix-huit professeurs sous ses ordres, est à la tête de cette institution. La bibliothèque est l’une des plus riches de la Californie et renferme près de 6,000 volumes. Il y a aussi un laboratoire de chimie très bien monté. Le nombre d’étudians qui fréquentent l’établissement est de près de 200 chaque année. L’Université du Pacifique, établie à Santa-Clara comme le précédent collège, a été fondée aussi en 1851, et par l’église méthodiste

  1. L’acre est égale à 40 ares 47 centiares.