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du gouvernement, et elles sont cependant aussi bien installées, aussi bien tenues qu’en tout autre, pays. Les cas d’explosion, quoi qu’on en ait dit, ne sont pas plus fréquens qu’ailleurs, et sont même peut-être plus rares à cause de l’habileté plus grande des chauffeurs et des mécaniciens. Les chaudières sont éprouvées aux États-Unis, comme en France, avant d’être mises en marche, et il serait bien difficile de citer un cas d’explosion dans les usines ou les mines de Californie. Pour les bouilleurs des bateaux à vapeur, s’il faut excepter les deux steamers de la navigation fluviale qui, en 1852, sautèrent, au moment de leur départ, dans la baie de San-Francisco, on peut répondre aussi que la Compagnie maritime, qui entretient toute une flotte de bateaux à vapeur sur le Pacifique, n’a eu, depuis 1849 jusqu’à ce jour, aucun accident à regretter, non-seulement par explosion, mais même par collisions ou rencontres. Quelques-uns de ses navires ont fait cependant plus de deux cents voyages.

Ce que l’on a dit des machines à vapeur s’applique aussi aux roues hydrauliques. Établies sur des rivières d’un débit souvent limité, elles fonctionnent de la façon la plus convenable, sans l’assistance d’aucun corps des ponts et chaussées. Enfin les canaux, qui occupent en Californie une étendue de plus de 12,000 kilomètres, des ponts, des aqueducs, tout un vaste ensemble de travaux publics, se sont établis sans le concours de ce qu’on appelle en France l’administration. Le travail libre et indépendant des seuls citoyens a tout créé, et certes le naissant état, avec un gouvernement centralisateur, n’aurait pas atteint un tel degré de prospérité.

Il en est de même pour l’exploitation des forêts. Les bois, dans toute la Californie, sauf les parties concédées ou vendues à des particuliers, appartiennent encore à l’état. Chacun a le droit de les exploiter librement. Il en résulte une activité surprenante, un mouvement inusité. Sur les plateaux boisés même les plus élevés, au milieu des cèdres, des mélèzes et des sapins, on trouve des scieries en marche dont les produits se répandent ensuite par tout le Pacifique comme bois de construction, de charpente et de mâture. Les sapins rouges de Californie jouissent surtout d’une réputation bien méritée, et on les expédie jusqu’en Australie, en Chine et dans les Indes. La consommation locale est du reste considérable. Sur les points les plus éloignés, le mineur californien est assuré de rencontrer des bois tout débités d’avance pour construire les appareils ou mécanismes nécessaires au travail du quartz. D’ailleurs tout individu en Californie peut établir ces différentes constructions où bon lui semble, et sans aucune autorisation préalable. C’est donc la grande liberté laissée à l’industrie privée qui a fait la Californie ce qu’elle est ; mais en outre tout citoyen américain, tout étranger naturalisé, ou ayant seulement déclaré son intention de l’être, a droit à l’occupation d’un certain nombre d’acres de terres fixé par la loi. Aussi le défrichement du sol a-t-il pris presque partout un degré d’activité surprenant. Des comtés entiers ne vivent que des produits de la terre, produits