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assez fort pour avertir le passant. Dans le sud de la Californie, on trouve non-seulement des serpens à sonnettes, mais encore des tarentules dont la piqûre est presque aussi dangereuse que la morsure des crotales. Quant aux ours, aux renards argentés, autrefois très nombreux dans le pays, ils ont presque partout disparu à l’approche de l’homme, et se sont dirigés vers la sierra, où l’on retrouve aussi les cerfs, les antilopes, et quelques buffalos.

Le climat de la Californie est l’un des plus beaux du monde. Pendant plus de six mois de l’année, de la fin d’avril à la fin d’octobre, on jouit d’un ciel toujours pur, qu’aucun nuage ne vient obscurcir. La transparence de l’air est des plus grandes, et les nuits sont d’une sérénité remarquable. À San-Francisco néanmoins, depuis dix heures du matin jusqu’à cinq heures du soir, la brise de mer amène un vent assez vif, et le terrain sablonneux des dunes qui bordent le rivage est soulevé au loin. Cette brise périodique et la disposition particulière de la baie sur laquelle est située la ville, peut-être aussi des courans sous-marins qui descendent des mers polaires, occasionnent un froid continu, et il n’y a pas, à proprement parler, de saison d’été à San-Francisco. L’hiver, ou si l’on veut l’automne, y est même l’époque de l’année la plus agréable, parce que c’est celle où le vent se fait le moins sentir. On a su profiter à San-Francisco de cette brise qui souffle si régulièrement tous les jours pour ériger une foule de moulins à vent, de construction très élégante, qui servent à élever l’eau dans les maisons et les jardins.

Si la saison chaude est inconnue à San-Francisco, il n’en est pas de même pour l’intérieur de la Californie, où durant trois ou quatre mois, de juin à septembre, il n’est pas rare de voir le thermomètre à l’ombre monter, surtout de midi à trois heures, jusqu’à 48 degrés centigrades. C’est une des plus hautes températures observées sur notre globe. Cette atmosphère brûlante est rafraîchie par les brises du matin et du soir, et la nuit le thermomètre baisse souvent jusqu’à 25 et même 22 degrés. Ces variations se font lentement, en quelque sorte comme les oscillations horaires du baromètre dans les contrées équatoriales, et le corps n’en souffre guère ; mais la chaleur est intolérable pendant le jour, surtout dans le sud du pays, et les effets s’en font sentir de toute façon. Les meubles craquent et se fendent, la couverture des livres se racornit comme si on l’avait exposée au feu. Le plus léger vêtement devient insupportable. L’eau acquiert dans les vases une température voisine du point d’ébullition ; les chandelles et les bougies fondent ; les objets en fer dans les appartemens, les pierres de couleur exposées au soleil, brûlent littéralement les mains par le simple contact. En retour, pendant la nuit, la sérénité du ciel n’est troublée par aucune formation de vapeurs, aucun dépôt de rosée, et tout l’été les mineurs dorment sans danger au grand air.

Au commencement ou vers le milieu de novembre viennent les pluies périodiques, et l’année se trouve ainsi divisée en deux saisons bien distinctes,