Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/468

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’école américaine s’est rencontrée avec elles toutes sur ce même terrain. Au milieu de ses espèces d’espèces, elle en est arrivée à faire une catégorie distincte pour ce que tous les naturalistes d’Europe avaient appelé la race, comme ces mêmes naturalistes, elle a caractérisé ses espèces les plus voisines (races) surtout par la fécondité des croisemens et la multiplication indéfinie des métis. En vérité, était-ce la peine d’oublier les travaux de tant d’illustres prédécesseurs ?

Malheureusement la confusion dans les termes qu’elle employait a fait illusion à l’école américaine. Ne voyant partout que des espèces et reconnaissant parmi elles des degrés différens d’hybridation, elle a cru pouvoir identifier les phénomènes du croisement chez les animaux et chez l’homme. De là deux exagérations en sens contraire. Tant qu’il s’agit des animaux, les disciples de Morton en France comme en Amérique s’efforcent de représenter la fécondité soit des espèces entre elles, soit des hybrides entre eux, comme beaucoup plus étendue, beaucoup plus générale, beaucoup plus durable qu’elle ne l’est réellement. Quand ils s’occupent des groupes humains, tous leurs efforts tendent à amoindrir les résultats du croisement. Nous avons examiné chacun des exemples sur lesquels on a le plus insisté, et nous en avons montré la signification précise.

L’étude précédente avait été plus particulièrement consacrée aux végétaux, aux animaux ; dans celle-ci, nous nous sommes surtout occupé de l’homme. Le plus souvent nous sommes allé chercher des preuves à l’appui de nos opinions non pas chez les écrivains qui les professent, mais chez des voyageurs étrangers à toute controverse, chez des polygénistes aussi décidés que les chefs de l’école américaine et chez ces chefs eux-mêmes. C’est à l’aide de ces témoignages, bien peu suspects, que nous avons montré à quoi se réduisait la prétendue infécondité des unions contractées soit entre individus appartenant à des groupes humains différens, soit entre les métis issus de ces unions premières. Loin de trouver dans aucun cas les caractères de la vraie hybridation, nous avons rencontré partout les signes du métissage le plus impossible à nier. Tout donc nous a ramené à la doctrine de l’unité de l’espèce et de la multiplicité des races.


A. DE QUATREFAGES.