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qui peut seul, s’appuyant sur la passion du peuple allemand, lui assurer une véritable autorité. Lorsqu’en 1849, le 19 mars, le fameux professeur Welcker proposa à l’assemblée nationale de Francfort de décerner à Frédéric-Guillaume la couronne héréditaire de l’empire d’Allemagne, le chef de la gauche, M. Charles Vogt, répondit en ces termes : «… La politique suivie par la Prusse ne mérite pas même d’être récompensée de la lieutenance-générale de l’empire. L’épine qui nous blesse au pied depuis si longtemps, la Prusse nous l’a laissée : elle n’a pas délivré le Slesvig de sa captivité ; à quel titre donc ceindrions-nous du diadème impérial le front de Frédéric-Guillaume ? » Ces paroles furent accueillies par des salves d’applaudissemens. Au contraire, à la suite de chaque discours en faveur de la Prusse, on entendait répéter : « Pourquoi récompenser la Prusse, dont toute la puissance ne suffit pas à venir à bout du Danemark ? » Quand enfin le ministre du gouvernement central et le vrai promoteur de la campagne contre le Danemark, M. de Gagera, apprit que la proposition du professeur Welcker en faveur de l’empire avait été rejetée, il s’écria d’une voix émue : « C’en est donc fait du Slesvig-Holstein ! » Tant la question des duchés est inséparable de celle de l’élévation de la Prusse à l’hégémonie en Allemagne ! « La victoire en faveur du Slesvig-Holstein, nous écrit un de nos correspondans, serait saluée en Allemagne de cris de jubilation qui feraient trembler la terre, et derrière cette victoire la couronne impériale sourit à la Prusse de l’éclat le plus éblouissant. » L’œuvre que Frédéric-Guillaume n’a point achevée, Guillaume Ier semble prendre à cœur de l’accomplir. Dès le commencement de la régence, en 1857, la création de nombreuses réunions de gymnastique (Turn-Vereine)