Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
EXPEDITION
DES DEUX-SICILES
SOUVENIRS ET IMPRESSIONS PERSONNELLES

I.
LA SICILE


« Quelque chose que je puisse dire, votre majesté ne peut se faire une idée de l’état d’oppression, de barbarie, d’avilissement dans lequel ce royaume était. »

(Joseph Bonaparte à Napoléon.)

I

Quand j’arrivai à Gênes dans les premiers jours du mois d’août 1860, ma première impression fut une impression de surprise, car l’expédition de Garibaldi, à laquelle je désirais me joindre, s’y recrutait sans aucun mystère. Soustraite, pour ainsi dire, à l’action du gouvernement de Turin, Gênes paraissait être devenue une sorte de place d’armes d’où le dictateur tirait, pour la Sicile, les hommes et les munitions dont il avait besoin. Il est juste d’ajouter que lorsque le ministère piémontais, cherchant à s’opposer au départ de la phalange qui allait débarquer à Marsala, avait demandé au gouverneur militaire de Gênes s’il pouvait compter sur ses troupes, celui-ci répondit loyalement qu’au premier geste de Garibaldi tous les soldats de l’armée sarde déserteraient pour le suivre. Dans cet état de choses, ce qu’il y avait de mieux à faire était de s’abstenir,