Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SCÈNE XI.
LES PRECEDENS, PHIDIAS, ICTINUS.
(Phidias et Ictinus s’arrêtent à quelque distance.)
ICTINUS.

J’ai fait ce que tu souhaitais. Tous ceux qui dépendent de moi, soit qu’ils travaillent au Parthénon, soit qu’ils transportent les matériaux, soit qu’ils creusent les carrières du Pentélique, seront libres demain. Ils pourront prendre part au vote.

PHIDIAS.

Sont-ils favorables à Périclès ?

ICTINUS.

Je le crois, puisque Périclès défend leurs intérêts.

PHIDIAS.

Combien donnent-ils de suffrages ?

ICTINUS.

Environ cinq cents. Tel est le nombre des citoyens que j’emploie. Les autres ouvriers sont des étrangers domiciliés en Attique ou des esclaves.

PHIDIAS.

N’as-tu pas aujourd’hui plus de monde qu’à l’ordinaire ?

ICTINUS.

Depuis quelques semaines, tous les cylindres de marbre destinés à construire mes colonnes étaient détachés de la montagne : ceux qui habitent le Pentélique me les ont amenés.

PHIDIAS.

Es-tu satisfait de la qualité du marbre ?

ICTINUS.

Oui, Phidias ; c’est une matière admirable que je ne puis contempler sans une secrète volupté. Comment n’obtiendrais-je pas pour mes moulures et mes ornemens une précision inconnue jusqu’à nous, tandis que la solidité des assemblages défiera les injures du temps ? Aussi ai-je suivi tes conseils.

PHIDIAS.

Qu’as-tu fait ?

ICTINUS.

Tous les blocs qui présentaient une veine, ou même une seule tache, je les ai rejetés. Ils serviront de remblai pour l’esplanade orientale.

PHIDIAS.

Tu as agi avec discernement.

ICTINUS.

Cependant ce sera une perte d’argent.

PHIDIAS.

Tu n’ignores pas avec quelle rigueur je veille à toutes les dépenses, afin de ménager le trésor public ; mais dès qu’il s’agit de rendre un monument