Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le pensons, au plus pressé, et qui, dans tous les cas, servirait à régler la ligne de conduite des compagnies qui se forment dans leurs rapports avec les habitans et avec le gouvernement. Nous en donnons l’exposé succinct sans la plus petite prétention, n’invoquant en sa faveur que l’expérience personnelle que nous avons de la culture du coton. Nous insistons particulièrement sur la nécessité d’ouvrir sur tous les points le plus de routes praticables : sans ces moyens de transport, l’émulation manquera, et la meilleure volonté se raidira contre l’impossibilité de tirer parti des récoltes en les envoyant sur les marchés de la côte.

Notre programme se résume en quelques points : — formation d’une compagnie unique et spéciale aux Indes, dont l’objet sera l’extension et l’amélioration de la culture du coton ; — avances aux propriétaires et aux fermiers, sous forme d’argent, de bestiaux, de semences, de machines, au plus bas prix possible ; — construction de barrages, de digues sur les fleuves ; rectification de ceux-ci ; creusement de grands canaux aux frais de la société ; création de routes carrossables avec le concours gratuit des employés du gouvernement, ou aux frais de celui-ci, suivant les circonstances et les localités, en laissant aux cultivateurs eux-mêmes le soin et l’obligation de creuser les fossés d’irrigation sur les plans dressés par des indigènes autant que possible, ou, avec leur concours, par des ingénieurs européens ; — distribution d’eau dans les plantations partout ou elle n’arrive pas naturellement et où elle est élevée à l’aide de pompes fixes ou flottantes (portées sur bateaux le long des canaux), moyennant rétribution et à bon marché, pour éviter l’emploi des puits à roue, qui exigent des bestiaux et des hommes très utiles ailleurs ; — culture en partage avec les paysans, suivant le mode de l’ogda égyptien, de tous les terrains, propriétés du gouvernement, qui seraient ou non concédés à la compagnie ; — paiement des droits territoriaux et autres taxes en argent ou en nature ; — aucun privilège pour la compagnie à l’égard de l’achat des produits, sur lesquels elle exercera une surveillance régulière ; — création de marques par les presseurs de balles à poser sur celles-ci après examen, pour indiquer la provenance du coton ; — division de chaque village, de mille acres au moins, en quatre groupes, sous la direction de quatre chefs ou cheiks, fellahs eux-mêmes, chargés de répartir le travail d’après ce programme, de s’entendre pour tout le reste avec les paysans, et d’être les agens responsables de la plantation ; une fraction de part, en sus du prorata, leur serait allouée à titre de rémunération ; — enfin application de ces principes partout où l’influence du gouvernement peut se faire sentir, en évitant particulièrement de faire intervenir l’élément chrétien dans les questions de détail et