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la première, les bains et le lavoir, la seconde, le restaurant, la boulangerie, la bibliothèque et le magasin, une salle d’asile pouvant contenir 150 enfans s’ouvre sur l’autre rive, au carrefour formé par la rue Lavoisier et la rue Napoléon. Il n’y a pas d’école particulière, parce qu’on a jugé avec raison qu’on n’égalerait pas l’école communale, qui est une des belles institutions de Mulhouse[1]. Enfin la société a consacré une de ses maisons au logement d’un médecin et d’une diaconesse[2].

Il y a deux sortes de maisons dans la cité ouvrière de Mulhouse, les unes isolées au milieu d’un jardin, les autres alignées pour former une rue ; l’une de ces dernières est aménagée pour servir de logement garni aux célibataires. Les maisons de la première sorte étaient en 1860 au nombre de 139, et l’on vient d’en construire 38 nouvelles. Chacune est divisée par des murs de refend en quatre logemens semblables, qui se louent ou se vendent séparément. Tous les logemens affectés à l’habitation d’un ménage ont la même dimension, et ne diffèrent que par quelques détails insignifians de distribution intérieure[3]. Les arrangemens qui dépendent des locataires ne manquent pas d’une certaine élégance. En voyant ces planchers bien frottés, ces rideaux blancs aux fenêtres, ces jolis papiers, ces meubles solides et bien entretenus, on se rappelle involontairement les misérables logemens de la Kattenbach, à Thann. Cette ville est pourtant bien voisine de la cité mulhousienne ; il ne faut qu’une heure pour y aller, et de toutes les rues de la cité on aperçoit à l’horizon les montagnes couvertes de neige au pied desquelles Thann est bâtie.

Les organisateurs de cette cité de Mulhouse auraient pu sans trop de dépense rendre les maisons plus vastes ; mais ils ne l’ont pas voulu, pour qu’on ne fût pas tenté de sous-louer. Il importait que

  1. Habilement dirigée par M. Riss, cette école contient 1,600 garçons et 1,200 filles. Il est sans doute inutile d’avertir que les deux sexes sont rigoureusement séparés. On compte en outre à Mulhouse 200 garçons dans les écoles libres, 300 dans les classes élémentaires de l’école professionnelle et du collège, 700 filles à l’école des sœurs.
  2. Les diaconesses protestantes remplissent des fonctions analogues à celles des sœurs de charité.
  3. Au rez-de-chaussée, deux pièces, dont l’une sert de salle à manger et de cuisine, et l’autre de chambre à coucher au père et à la mère ; l’escalier est ordinairement placé dans cette seconde chambre, pour que les enfans ne puissent ni entrer ni sortir à l’insu du chef de la famille. L’étage supérieur se compose de trois chambres à coucher et d’un privé bien établi, qu’il est facile de tenir proprement. Le grenier est assez vaste, et l’on peut au besoin y ménager une petite chambre. Sous une partie du rez-de-chaussée règne un cellier voûté, qui sert en même temps de bûcher et de cave. Les fenêtres sont à deux vantaux et de belle grandeur ; la principale pièce du rez-de-chaussée a deux fenêtres, qui ne prennent pas jour sur la même façade et sont disposées de façon à permettre de bien ventiler l’appartement. Tous les besoins de la famille sont prévus, tout concourt à rendre la propreté et la décence faciles. — L’architecte est M. Émile Müller.