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DES ORIGINES
DE LA GRAVURE

I. Le Peintre-Graveur, par J.-D. Passavant, tome Ier et IIe ; Leipzig 1860. — II. Histoire de l’Origine et des Progrès de la Gravure dans les Pays-Bas et en Allemagne jusqu’à la fin du quinzième siècle, par J. Renouvier ; Bruxolics 1860. — M. Essai historique et critique sur l’Invention de l’Imprimerie, par Ch. Paeille ; Lille 1859.

Nous ne voudrions pas médire de l’archéologie, surtout au moment d’aborder nous-même une question archéologique. Il y aurait à la fois de l’ingratitude et de la maladresse à méconnaître les mérites de tant de travaux diversement utiles qu’a suscités de nos jours l’étude des anciens monumens : on serait plus mal venu encore à dédaigner en principe, comme un stérile jeu d’esprit, la science qui reconstitue le passé au profit du présent. De même que, dans l’ordre des choses physiques, c’est la mort qui alimente la vie, la vie et le progrès peuvent aussi, dans le domaine intellectuel, résulter des faits anciens que nous nous approprions, des enseignemens et des exemples reconquis sur le temps ou commentés avec une perspicacité plus grande. Il ne faut pas toutefois que ces investigations historiques se résolvent en dissertations à l’usage seulement de quelques érudits ; il ne faut pas que la critique archéologique argumente pour l’unique plaisir de soutenir une thèse, ou qu’une injuste prédilection pour les points secondaires nous distraie des questions fondamentales, des vérités de principe et, pour ainsi parler, de sentiment. L’esprit d’examen à outrance, en faisant une part trop large aux subtilités scientifiques, embarrasse et compromet la cause du beau, à peu près comme l’extrême analyse peut compromettre la foi religieuse. En matière d’art aussi, « le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas, » et l’essentiel est bien moins de supputer les circonstances