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HEGEL
ET L’hégélianisme


I. Hegel und seine Zeit, von R. Haym ; Berlin 1857. — II. Apologie Hegel’s gegen Dr R. Haym, von Karl Rosenkranz ; Berlin 1858. — III. Introduction à la Philosophie de Hegel, par A. Véra ; Paris 1855. — IV. Logique de Hegel, traduite pour la première fois et accompagnée d’une introduction et d’un commentaire perpétuel, par le même ; Paris 1859, 2 volumes.

On ne juge bien les grands hommes qu’à distance. Pour comprendre leur œuvre, il faut qu’elle se soit montrée dans toute sa portée. Les appréciations contemporaines sont nécessairement fausses, parce qu’elles sont nécessairement limitées. Ce ne sont d’ailleurs que des opinions. Plus tard, les actes ont été suivis de leurs conséquences, les principes ont porté leurs fruits ; dès lors le jugement n’est plus simple affaire d’impression individuelle, il est soutenu, guidé par le sens même des choses. Je ne veux d’autre preuve de cette assertion que l’histoire de nos temps : la révolution, française commence à peine à être jugée, l’empire ne l’est pas encore.

Ce qui est vrai des hommes et des événemens qui agissent sur les destinées des nations ne l’est pas moins de la science et des héros de la pensée. Pour comprendre un système philosophique, il faut qu’il nous soit devenu étranger, et, pour ainsi parler, que nous puissions le considérer du dehors. Nous connaissons Descartes et Kant, je veux dire le sens et la valeur de leur œuvre, infiniment mieux qu’on ne les connaissait à l’époque ou l’enseignement de ces philosophes passait pour le dernier mot de la philosophie. Il en est de même de l’hégélianisme. Hegel a exercé une grande influence, il a eu une foule de disciples, il a remué l’Allemagne ; quelque chose de ses vues s’est même répandu au dehors, et a pénétré dans le domaine de la pensée moderne ; et cependant, on peut le dire, Hegel