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ajouté que 12 millions de rentes à la dette consolidée, moins de 700,000 francs par an, tandis que les douze années qui nous séparent de 1848 ont vu cette dette s’accroître de 139 millions, plus de 11 millions 1/2 par an.

Si, pour comparer plus exactement 1830 à 1848, on tient compte des autres élémens de la dette publique et de l’actif du trésor, on reconnaît que l’ensemble des charges de l’état ne s’était en définitive accru que de 100 millions environ, en capital, sous ce gouvernement qui a consacré plus d’un milliard à l’Algérie et plus d’un milliard et demi aux travaux publics extraordinaires. M. Vitet a publié sur cette question, dans la Revue[1], une étude faite avec la conscience et le talent qu’il apporte à toutes choses. On y trouvera les détails, qui ne sont ici que résumés.

Avant d’examiner ce qu’est devenue en 1860 la dette de 1847, il faut faire la part de la révolution de 1848, car l’empire, tout en lui devant l’existence, est en droit de décliner sa solidarité financière. Jamais si courte période ne vit se multiplier tant de désastres : emprunts onéreux, consolidation de 246 millions de bons du trésor en rentes 3 pour 100 à 55 francs ; consolidation, plus désastreuse encore, des livrets de la caisse d’épargne, par laquelle, pour libérer le trésor d’un compté courant de 65 millions, on mit à sa charge 10 millions de rentes, ce qui équivalait à un emprunt à 15 pour 100 ; suspension de l’amortissement, impôt des 45 centimes, etc. J’abrège cette énumération, dans laquelle je ne fais que rappeler les principales charges qui accablèrent le présent ou grevèrent l’avenir. Je ne dis rien des pertes incalculables du commerce, de l’industrie, de la propriété mobilière et immobilière, et j’arrive au résultat définitif pour la dette publique. Ce résultat fut l’inscription de 53,923,496 fr. de rentes nouvelles sur le grand-livre.


Total des rentes inscrites Rentes appartenant à la caisse d’amortissement Rentes actives
1er mars 1848 244,287,266 fr. 67,441,899 fr. 176,845,367 fr.
1er janvier 1852 242,774,478 12,005,615 230,768,863
Différence en moins 1,512,788 fr. 55,436,284 fr.
Différence en plus 52,923,496 fr.

Le total des rentes inscrites était diminué de 1,512,788 francs ; mais ce n’était là qu’une apparence, car cette réduction n’était obtenue que par l’annulation de rentes appartenant à la caisse d’amortissement, pendant que les rentes créées ajoutaient une charge annuelle de 53,923,496 francs à la dette active.

  1. Livraison du 15 septembre 1848.