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ici se traduire en chiffres ou s’exprimer assez facilement par des paroles. Nous passerons plus légèrement sur les faits qui, pour être bien appréciés, exigeraient au moins des figures exactes et multipliées. Tels sont ceux qui ressortent de l’étude des têtes osseuses. Déjà Daubenton, Blumenbach, avaient fait remarquer que, de la tête du sanglier à celle du cochon domestique, les caractères variaient bien plus que de la tête du blanc à celle du nègre. Prichard, en reproduisant cette opinion, dont il est si aisé de constater la justesse, l’a étendue, avec raison aux têtes de diverses races de chiens. Si l’on place d’un côté les têtes de blanc et de nègre les mieux caractérisées, de l’autre les premières têtes venues de dogue, de barbet, de lévrier, etc., il est impossible de ne pas voir, au premier coup d’œil, que les différences sont de beaucoup plus prononcées dans le second groupe que dans le premier. Chez l’homme, rien ne frappera un œil inexpérimenté, à l’exception peut-être du prognathismev c’est-à-dire d’une légère projection en avant des mâchoires et des dents. Chez les chiens au contraire, on verra tout de suite que la forme et les proportions de presque toutes les parties varient de la manière la plus marquée. Malheureusement, sans tomber dans des détails tout à fait techniques, difficiles à suivre même pour les hommes spéciaux, nous ne saurions donner ici une idée de ces modifications, et nous renverrons le lecteur jaloux de vérifier l’exactitude de nos assertions aux détails donnés par Frédéric Cuvier dans un travail spécial[1], aux planches que Prichard à jointes à l’abrégé de son Histoire naturelle de l’homme[2], et surtout aux squelettes, qui font partie des collections du Muséum. Quelque prévenu qu’on puisse être, on sera certainement forcé de reconnaître que le squelette de la tête varie, d’une race d’animaux domestiques à l’autre, bien plus qu’entre groupes humains.

L’étude des fonctions donnerait des résultats tout à fait semblables à ceux qu’on obtient par examen des organes, et pour n’en citer qu’un exemple, nous rappellerons que partout la femme est féconde en toute saison, et que les limites extrêmes de sa fécondité ne sont jamais aussi distantes qu’elles le sont de race à race chez les espèces que nous avons citées. Il en est encore de même pour les facultés instinctives et psychologiques. Chez les animaux, ces facultés aussi varient sous l’influence de l’homme ou de conditions d’existence nouvelles. le sanglier, on le sait, se retire le jour dans sa bauge et n’en sort guère que la nuit. Le porc au contraire dort la

  1. Article Chien dans le Dictionnaire des Sciences naturelles.
  2. Cet abrégé a été traduit en français par M. Roulin.