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assez grande distance du sol, pour être conduites dans la partie inférieure d’une vallée. Ce véritable drainage, qui exige à de telles profondeurs des travaux très dispendieux, permet d’économiser la force motrice qui met en mouvement les pesantes pompes et les machines à colonne d’eau du Harz.

Les minerais du Harz sont très divers, et l’on ne peut les séparer qu’à l’aide des artifices les plus ingénieux de la mécanique et de la métallurgie. Le principal minerai des filons de l’Ober-Harz est du minerai de plomb argentifère (galène argentifère) plus ou moins mélangé d’une petite quantité de minerai de cuivre. À Andreasberg même, il y a de véritables minerais d’argent. Toutes les usines d’argent du Harz réunies produisent aujourd’hui annuellement de 45,000 à 46,000 marcs d’argent, valant de 2,173,750 fr. à 2,222,250 fr. ; 584,625 kilogr. de litharge ou oxyde de plomb, valant 203,125 fr. ; 3,539,860 kilogr. de plomb, valant 1,183,904 fr. ; 42,093 kilogr. de cuivre, valant 121,375 fr., et 12,162 kilogr. d’arsenic, valant 7,501 fr. Le chiffre total de cette production atteint 3,738,155 fr. Les usines d’argent sont concentrées à Clausthal, à Lautenthal, à Altenau et à Andreasberg. Ces hütte (c’est le nom qu’on donne aux usines métallurgiques en allemand) remontent à une très haute antiquité : celle de Clausthal, bâtie à une demi-lieue de cette ville et la plus importante de toutes, date de 1554. Tout autour des bâtimens où l’on traite les minerais, la végétation est frappée de mort ; quelques touffes de gazon jauni recouvrent seulement çà et là les noires roches schisteuses. Des cheminées des usines s’élèvent des fumées blanches qui déroulent lourdement leurs ondes empoisonnées ; dans d’immenses hangars ouverts de tous côtés sont accumulés sous une légère toiture les minerais grillés. Le grillage a pour but d’oxyder les sulfures métalliques ; c’est une des phases jdu traitement métallurgique. Il s’échappe toute l’année de ces hangars d’épaisses vapeurs sulfureuses qui se traînent tout le long de la vallée, qu’elles dénudent et corrodent.

Outre les mines et usines de plomb argentifère, le Harz possède aussi des usines à fer. Ces minerais, d’une exploitation facile, se rencontrent à Lehrbach, sur le chemin de Clausthal à Osterode, dans les belles forêts qui recouvrent les pentes de l’Iberg, auprès de Grund ; mais les exploitations les plus importantes sont de l’autre côté du Brocken, dans la région plus basse et plus monotone qui entoure Elbingerode. La production totale de la fonte et du fer s’est élevée en 1854 à la somme de 1,647,285 francs.

Enfin l’exploitation des forêts du Harz est en quelque sorte une troisième branche de l’industrie métallurgique : on emploie dans les mines, une immense quantité de bois de soutènement, et chaque