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Sicile les premières négociations d’armistice, le ministre des affaires étrangères de François II, M. Carafa, convoquait le corps diplomatique. M. Carafa offrait des concessions de la part du roi, si l’Europe voulait donner des garanties. Une délibération engagée dans ces termes ne pouvait aller bien loin, car aucun des diplomates présens n’avait les pouvoirs nécessaires pour entrer dans une négociation de cette nature. On demandait tout au moins que les consuls étrangers à Palerme fussent autorisés à intervenir comme médiateurs entre les combattans, et cette proposition n’eut pas une plus heureuse fortune. M. Carafa ne se découragea pas néanmoins, et sans paraître se souvenir de ce qui s’était passé quelques heures auparavant, il communiquait le soir un projet de note aux divers gouvernemens de l’Europe, pour leur demander d’autoriser leurs représentans « à déclarer solennellement et officiellement, comme l’avaient fait le matin les ministres de France et d’Angleterre, ne vouloir admettre aucun changement dynastique ni aucune atteinte à l’intégrité du royaume » ; assertion qui fut immédiatement rectifiée par les ministres de France et d’Angleterre. M. Elliot dit notamment qu’il avait des vœux à offrir au roi de Naples et pas de garanties. C’est ce qu’on pourrait appeler le premier acte de la révolution des Deux-Siciles.

Tout avait changé rapidement. En ce moment, Garibaldi n’était plus déjà un flibustier ; il était rentré à Palerme, il avait un gouvernement, il recevait chaque jour de nouveaux soldats du nord de l’Italie : c’était un pouvoir avec lequel on se trouvait réduit à traiter, et sous sa dictature la Sicile était à demi indépendante. Le bruit de ces événemens retentissait sur la terre ferme, et le frémissement qu’il excitait était comme un avant-coureur de commotions nouvelles ; il préparait déjà les esprit à une révolution plus étendue. L’inutilité de la tentative qu’on venait de faire auprès du corps diplomatique laissait le gouvernement napolitain dans un dangereux isolement. Recommencer dans ces circonstances le bombardement de Palerme pour reconquérir une ville en ruines ou pour attester encore son impuissance n’était guère possible. C’est ce qui arrachait au roi François II un consentement pénible, d’abord à l’armistice négocié entre ses généraux et Garibaldi, et quelques jours plus tard à une retraite complète de son armée, qui défendait inutilement la ville. C’est aussi sous la pression de cet ensemble de choses que le roi avait l’idée d’une démarche qui n’était par malheur que l’acte d’un prince toujours flottant entre les répressions impuissantes et les concessions tardives. Dès les premiers jours de juin 1860, François II se décidait à s’adresser directement à l’empereur des Français et à lui demander sa médiation. Ce fut un diplomate intelligent