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ses successeurs ont caché sous une forêt le quart de la surface de ces sables inertes. Si le corps des forêts veut entrer en partage des attributions des ponts et chaussées, il serait mieux venu à lui disputer le boisement des dunes, en prouvant qu’il le ferait avec plus d’économie et de succès, qu’à s’obstiner à retenir la police de la pêche, où le mérite incontesté de ses membres reste néanmoins impuissant à faire le bien. J’ai tenté, pour rendre cet examen moins incomplet, d’obtenir de l’administration des forêts quelques renseignement sur les procédés et les résultats effectifs de sa gestion. On m’a répondu avec une parfaite courtoisie que cette communication ne pouvait être faite sans une autorisation de M. le ministre des finances lui-même. Je l’ai demandée le 16 août 1860, et elle ne m’a point été accordée. Voilà comment, sur des faits financiers qui, dans d’autres temps, étaient mis à la portée de quiconque voulait s’instruire, j’en suis réduit à quelques chiffres du budget[1]. L’augmentation que ces chiffres proclament (581,023 fr. en 1859 contre 470,658 fr. en 1847) correspond à peu près à la dépréciation de la valeur monétaire, et le revenu peut être considéré comme stationnaire ; mais, pour avoir le produit net, il faudrait déduire du produit brut les frais de surveillance et d’administration qui portent exclusivement sur le contingent des forêts, ces frais étant nuls sur les lignes confiées aux ponts et chaussées. De plus favorisés feront peut-être ces calculs.

Quand on voit en Écosse le duc d’Athol sextupler en un petit nombre d’années le produit des pêcheries considérables de ses domaines, on ne peut se défendre d’un peu de défiance sur l’efficacité de notre organisation. Pour juger des procédés employés, regardons au bassin du fleuve que Joseph II appelait la veine cave de la France. La Loire est classée parmi les rivières navigables à partir du confluent de l’Arzon, près Vorey, à quatre lieues au nord du Puy. De ce point à la limite méridionale du département de Saône-et-Loire,

  1. Le produit de la location de la poche dans les eaux navigables ou flottables a été :
    francs
    En 1847 de 470,658
    En 1848 de 469,526
    En 1849 de 471,350
    En 1850 de 508,750
    En 1851 de 526,397
    En 1852 de 525,016
    En 1853 de 518,945
    En 1854 de 514,035
    En 1855 de 510,701
    En 1856 de 501,620
    En 1857 de 493,540
    En 1858 de 515,645
    En 1859 de 581,023


    Ces treize lignes, extraites des comptes de l’administration des finances, sont tout ce qu’elle a publié en treize ans sur la pêche.