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ordinaires, le rapport serait plus satisfaisant qu’on ne s’y serait attendu, puisque le budget de 1862 sera présenté en équilibre ; mais les données manquent pour estimer l’importance des crédits extraordinaires. Un aperçu des sommes probables auxquelles ces crédits s’élèveront pour les années 1860 et 1861 serait nécessaire pour qu’on pût se rendre un compte précis de la situation financière. Un aperçu semblable sera sans doute présenté pendant la discussion de l’adresse par celui des ministres sans portefeuille qui sera chargé de parler sur les finances. Quoi qu’il en soit, on doit, dans le corps législatif, faire ses préparatifs pour donner cette année au pays une discussion approfondie, complète et claire du budget.

Parmi les communications faites aux chambres par le gouvernement, celles qui sont relatives aux affaires étrangères dépassent naturellement en importance toutes les autres, et ce sont celles sur lesquelles devait avant tout se porter la curiosité publique. La première impression que l’on a reçue de la lecture de ces dépêches a inspiré généralement la confiance dans le maintien de la paix. On s’est convaincu à l’examen de ces pièces que la paix est l’objet des vœux sincères des diverses puissances, et l’on a considéré comme un gage significatif donné au maintien de la paix le memorandum adressé par M. Thouvenel au cabinet russe au moment de l’entrevue de Varsovie. Le premier article de ce mémorandum : « Dans le cas où l’Autriche serait attaquée en Vénétie, la France est résolue à ne donner aucun appui au Piémont, » ne plaçait pas seulement la France hors de cause dans la perspective d’une nouvelle lutte entre l’Italie et l’Autriche ; elle était le frein le plus puissant qui pût être mis aux aventureuses impatiences de la péninsule. La France par là défendait au Piémont de tenter une agression en Vénétie. Devant cette interdiction, il était impossible qu’un homme aussi avisé dans ses audaces que l’est M. de Cavour n’ajournât pas indéfiniment toute entreprise nouvelle contre l’Autriche. L’engagement catégorique pris par la France vis-à-vis des souverains réunis à Varsovie succédant à cette fameuse note du mois d’août, où lord John Russell recommandait si vertement à M. de Cavour de ne point toucher à la Vénétie, c’était plus qu’il ne fallait pour rendre sage le cabinet piémontais. Toutes les communications échangées par les puissances réunies à Varsovie relativement au mémorandum français ont abouti aux conclusions les plus satisfaisantes pour nous. L’Autriche résignée écartait d’elle-même cette perspective d’une attaque du Piémont que laissaient voir les quatre points français. La Prusse ne cachait pas son contentement ; elle nous savait gré de notre modération, lorsque M. Thouvenel avait donné l’assurance que la France n’entendait pas considérer les arméniens de précaution que pourrait faire la confédération germanique dans l’éventualité d’une guerre éclatant entre le Piémont et l’Autriche comme incompatibles avec l’abstention que la France exigeait de l’Allemagne. La Russie, dont il serait injuste de méconnaître les bons offices dans cette transaction, était enchantée d’avoir, en nous rendant service, assuré