Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 30.djvu/928

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’état, en définitive, paie tôt ou tard les fautes commises, le ministère espagnol agira avec prudence en ne permettant pas à des concurrences mal justifiées de se produire.

Un autre ordre de travaux publics réclame de grandes améliorations. Les canaux et les rivières ont partout ailleurs précédé les chemins de fer comme moyen de transport. Les aménagemens des cours d’eau rendent d’éminens services à l’agriculture. En Espagne, depuis la domination des Maures, on n’a créé sous ce rapport que le canal d’Urgel : il suit 152 kilomètres et peut arroser 14,200 hectares. Depuis 1852, on a dépensé pour l’établir 25 millions de réaux; il en coûtera 31. Les canaux de Guadalimar, dans la province de Jaen, de la droite du Lobregat dans la province de Barcelone, ceux des Asturies et de Henares, porteront la fertilité sur des territoires étendus; mais ils ne sont guère qu’à l’état de projet, et sauf dans la huerta de Valence les travaux d’arrosement, si utiles en Espagne, sont partout encore à créer. C’est à cet ordre de travaux qu’il faut rattacher le canal d’Isabelle II, qui apporte à Madrid l’eau qui lui manquait. Ce grand ouvrage a déjà coûté 146 millions de réaux; il en nécessitera peut-être encore 50, On ne compte que deux canaux de navigation, le canal d’Aragon, en même temps canal d’arrosement, et le canal de Castille, qui se soude au chemin de fer d’Isabelle II, d’Alar à Santander. Depuis 1856, rien n’a été fait sur le canal de Castille, dont le service laisse beaucoup à désirer. Sur le canal d’Aragon, la longueur de la partie navigable est de 87 kilomètres, colle de la partie d’arrosement de 16. Les produits couvrent à peine les frais d’exploitation, Quant aux travaux pour la canalisation des rivières, ceux de l’Ebre, exécutés en vertu de la loi du 20 novembre 1851, n’embrassent que le cours inférieur de ce fleuve, de Saragosse à la Méditerranée, sur une longueur de 371 kilomètres. L’exploitation se fait déjà sur 150 kilomètres, de Mequinenza à la mer, La compagnie concessionnaire de cette entreprise a dû demander au gouvernement une prolongation du délai de construction et le paiement anticipé d’une partie de la subvention, sous forme de garantie d’intérêt pour les parties exploitées. En dehors de la canalisation de l’Ebre, il ne reste à mentionner que les travaux entrepris, dans un parcours de 62 kilomètres, sur la partie du Tage qui touche à la frontière du Portugal. Le total des dépenses jusqu’en 1859 n’est que de 2 millions 1/2 de réaux. Quelques travaux de peu d’importance ont été entrepris depuis 1856 sur le Douro.

Les ports de la Péninsule sont aussi dans une situation précaire. Le service des ports ne constitue que depuis peu d’années un service spécial. Une loi de 1852 les a classés en deux catégories, ceux d’intérêt général et ceux d’intérêt local de premier et de deuxième