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Jusqu’en 1859, l’étendue des chemins de fer concédés était de 3,340 kilomètres, sur lesquels 1,071 se trouvaient en exploitation et 1,144 en construction. La dépense de ces 3,340 kilomètres a été évaluée à 2 milliards 552 millions de réaux, les subventions de l’état, sous diverses formes, s’élevant à un total de 1 milliard 206 millions. On ne peut, à coup sûr, que reconnaître la générosité avec laquelle le gouvernement a pris sa part d’une dépense qui intéresse à un si haut degré la prospérité publique; mais on doit constater aussi avec quelle lenteur l’Espagne a procédé à l’établissement des nouvelles voies de communication. Le premier chemin exploité date de 1848 : en onze années, 1,000 kilomètres à peine avaient été construits. Ce qui intéresse le plus l’Espagne, c’est de se rattacher par la France au grand mouvement européen et de créer, entre l’Océan et la Méditerranée, des écoulemens faciles à son commerce spécial ou au commerce de transit. Or depuis 1859 nos relations avec la Péninsule ont été assurées d’un côté par la concession du chemin de Bayonne à Irun, où doit arriver la grande ligne du nord de l’Espagne, c’est-à-dire de Madrid aux Pyrénées, et d’un autre côté par le chemin de Perpignan à Port-Vendres, où toutes les lignes de la Catalogne doivent nécessairement aboutir. En même temps, la concession du chemin de Saragosse à Pampelune, d’où partira une voie de raccordement à Alsasua, sur la ligne du nord, et l’avancement du chemin de Saragosse à Barcelone, la capitale industrielle de l’Espagne, compléteront les rapports de l’Espagne avec la France et assureront à l’intérieur les relations entre le golfe de Gascogne et la Méditerranée. Déjà la grande ligne de Madrid à Alicante, dont le trafic donne des résultats si satisfaisans, forme la moitié de la grande artère qui coupera l’Espagne du nord-ouest au sud dans le centre de la Péninsule, comme la ligne de Bilbao, Pampelune, Saragosse et Barcelone la coupe à son extrémité nord-est. Lorsque le chemin du nord, qui exploite déjà plus de 300 kilomètres et se rattache à la petite ligne de Santander, desservira Burgos, Valladolid et Madrid, cette grande artère centrale amènera dans la capitale les produits de l’Angleterre et de l’Europe septentrionale, de même qu’on y introduit par Alicante ceux du midi, de l’Afrique et de l’Orient. enfin la grande voie ouverte au commerce transatlantique, la ligne politique de l’Espagne par excellence, le chemin de Bayonne à Cadix, est près de voir terminée la moitié inférieure de son parcours, de Madrid à Cadix, et la moitié supérieure est assurée par l’avancement du chemin de Madrid à Bayonne. Plusieurs compagnies construisent ou exploitent la partie méridionale, qui vient d’être complétée par la concession de la lacune de Manzanarès à Cordoue. Il ne manquera plus à cet excellent système