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dans la Polynésie. A Cuba, de 1834 à d854, on a construit 643 kilomètres de chemins de fer, et 870 de 1854 à 1858, Dans cette dernière année, le commerce de l’île de Cuba avec la métropole seule s’élevait à 395 millions de réaux, dont 167 à l’importation et 228 à l’exportation; celui des îles Philippines atteint déjà 50 millions de francs. On conçoit que de pareils joyaux rehaussent une couronne et excitent des convoitises étrangères. Les colonies espagnoles, dont l’armée de terre s’élève à 40,000 hommes pour l’île de Cuba et à 20,000 pour les Philippines et pour les Mariannes, ne promettent pas seulement des revenus au trésor, elles offrent de précieux avantages pour le développement ou plutôt pour la restauration des forces navales qui ont donné autrefois à l’Espagne le premier rang en Europe, et lui permettront de reprendre celui de troisième puissance maritime qui lui appartenait au commencement de ce siècle. C’est sur ce point, comme en ce qui concerne les travaux publics, que le ministère O’Donnell a concentré les chiffres les plus importans des dépenses dans l’extension qu’il a donnée aux budgets de 1860 et de 1861. Nous avons déjà mentionné à plusieurs reprises la loi du 1er mai 1859, qui ouvre sur huit exercices successifs un crédit de 2 milliards de réaux pour l’amélioration des services ministériels; 1 milliard est destiné au seul ministère de fomento. Sur les sommes que doit rapporter en 1860 la vente des biens nationaux et destinées aux dépenses extraordinaires, la part supplémentaire du fomento s’élève à 152 millions de réaux, celle du ministère de la guerre à 40, celle du ministère de la marine à 50. Dans le projet de budget de 1861, la guerre réclame, en dépenses extraordinaires, 64 millions, le fomento 168, et la marine 100 millions. Ces chiffres indiquent dans quel esprit le ministère espagnol a voulu pourvoir aux besoins de la monarchie. Une brève analyse de la situation présente de chacun de ces importans services justifiera les efforts du gouvernement et montrera aussi la lourde tâche qu’il lui reste à remplir.

Ce qui manque le plus à la Péninsule, ce sont les voies de communication. Depuis 1833, le gouvernement s’était occupé de subvenir à l’établissement des grandes routes ou carreteras. Le décret du 7 septembre 1860 fixe à plus de 34,000 kilomètres l’étendue des routes de première, de deuxième et de troisième classe; mais la moitié à peu près des routes de première catégorie est seule achevée, les deux autres réseaux sont à peine entamés. A la fin de 1856, 1,273 kilomètres de routes de deuxième classe et 429 de troisième étaient terminés. De 1856 à 1859, on n’a construit que 208 kilomètres de routes de deuxième classe et 79 de troisième. Or, dans le classement officiel du 7 septembre 1860, chacune de ces catégories de carreteras embrasse plus de 10,000 kilomètres.